31 décembre 2005

Le luxe de la division des chrétiens...

Athénagoras : "l'homme moderne et le monde ne peuvent plus s'offrir le luxe de la division chrétienne, des raisonnements et des réserves qui ne sont plus inspirées par l'évangile, des discussions académiques confortables et sans fin". Déclaration du patriarche à l'occasion du premier anniversaire de la levée de l'anathème. (1)

Je pense que nous devons tout faire pour mettre en place cette unité, à commencer par la conversion de notre regard sur les autres et au delà de ce qui est le fondement de notre foi...

(1) cité par Joseph Ratzinger, ibid p. 242

30 décembre 2005

Vers les orthodoxes...

Paul VI le 20 septembre 1963 écrivant au patriarche Athénagoras citait Philipiens 3, une parole que le patriarche reprendra dans un texte décisif à Noël 1965 (2 Co 5,18) : "ce qui était vieilli a disparu, voici que du neuf à ressurgi" (1)
Je crois que dans cette intuition doit reposer nos efforts. Certes cela reste périlleux, car nous sommes dépendants de nos évolutions respectives, de la construction de nos traditions qui constituent notre propre unité, et en même temps, il subsiste au delà, une unité plus grande, que nous partagions au temps des Pères de l'Eglise et avec laquelle nous devons faire du neuf. Cela passe bien sûr par une purification de notre mémoire et un pardon véritable et partagé. Comme un vieux couple qui partage la même origine de désir, mais qui doit secouer tout ce qui masque leur élan initial.
(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 229 à 232

A méditer...

29 décembre 2005

Unité ?

En complément du billet précédent, un peu pessimiste, je tiens ici à souligner la volonté clairement afficher d'avancer dans ce difficile chemin de l'unité :
On peut "se demander avec encore plus d'insistance si la permanence de la division est justifiable, car ce n'est l'unité qui a besoin d'être justifiée mais la division." (1).
Il semble plus important en effet d'entrer à mon avis dans une orientation de pensée et d'action qui respecte l'attitude oecuménique : l'autre dans sa recherche de ce qui est l'essentiel du christianisme ; attitude pour laquelle "l'unité est un bien prioritaire qui exige des sacrifices, tandis que la séparation a besoin d'être justifiée en chaque cas". (2)
Joseph Ratzinger va plus loin en opposant "Au chauvinisme ou confessionnalisme de la division" (...) "une herméneutique de l'union qui fait une lecture de la confession en s'orientant dans le sens de l'union." Pour lui deux attitudes s'opposent :
a) "un chauvinisme confessionnel qui s'oriente, en définitive, non d'après la Vérité mais d'après l'habitude et qui fixé dans ce qu'il a de propre, s'attache avant tout précisément à ce qui est orienté contre les autres
b) de l'autre côté, on a un une indifférence de la foi qui voit des obstacles dans la question de la vérité, (...) en fait une alliance de surface (...) porteuse de nouvelles divisions
.
La solution serait pour lui dans "une foi en recherche de l'unité" qui se laisse purifier et approfondir en vue de l'atteindre. Cette foi "exige de haut dépassement et impose le plus extrême dépouillement, réclamant de lui une patience inépuisable et la disponibilité pour une purification et un approfondissement toujours nouveaux". "Le christianisme repose sur la victoire de l'invraisemblable : "sur l'aventure de l'Esprit Saint qui conduit l'homme au dessus de lui et qui précisément par là le ramène à lui-même. (3)
(1) - (2) - (3) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 223- 226-227

28 décembre 2005

Les limites d'un oecuménisme hâtif...

Pour J. Ratzinger, un concile véritablement oecuménique pourrait bien fédérer un pluralisme et le conduire à l'universalité des chrétiens mais il n'y aurait pas là une véritable union et l'unique dogme commun serait celui de son impossibilité. On n'arriverait pas à l'union de l'Eglise mais à la renonciation définitive de l'unité... (1).
Je dois dire qu'au delà de cet extrait un peu court, la lecture de ses pages sur l'histoire des essais de rapprochement au cours des 50 dernières années est saisissante et instructive... Le chemin est long et escarpé au delà de la bonne volonté des uns et des autres, il y a effectivement quand on y réfléchit des enjeux pas simples, en particulier face à la disparité du protestantisme...

(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 220

27 décembre 2005

Noël vers Pâque, aboutissement

Depuis ce petit enfant livré jusqu'à Pâque, on progresse dans la révélation jusqu'à assister à l'aboutissement d'une Pâque définitive qui révèle le sens de l'histoire. C'est l'histoire d'un exode. Elle commence avec Abraham par l'invitation à sortir et cela reste continuellement son mouvement propre qui atteint à sa véritable profondeur dans la Pâque de Jésus-Christ : dans l'agape eis télos, dans l'amour radical qui va jusqu'à l'exode total hors de soi-même, à la sortie de soi pour aller aux autres jusqu'au don radical dans la mort. "Je m'en vais et je viens vers vous" (Jn 14, 28) (1) Notre vie n'a de sens que dans ce décentrement, ce quitte ton pays pour te trouver toi-même, mais ailleurs, en Christ, dans l'amour total qui n'est pas en toi... C'est peut-être ce que Hb 10,20 décrit comme le "passage au travers du voile de la chair". Est-ce pour autant une désincarnation ? Non, c'est en un sens une transfiguration qui nous serait demandée. Purification pour devenir être de lumière ? Décentrement pour une liberté nouvelle, au delà de ce qui nous retient hors de l'amour véritable. On voit dans ces balbutiements la difficulté même d'expression, la fragilité d'un excès de spirituel et l'importance, en même temps de cette ek-stase... "hors de soi pour se trouver soi-même" (2).
(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 210
(2) cf. J. Moltmann Theologie der Hoffnung, München, 1966 (5ème édition).

23 décembre 2005

Tout a changé

C'est à la fois une aporie chrétienne et une réponse chrétienne : rien n'a changé pour le monde et pourtant tout a changé. Il y a transformation du concept du Salut impliquée dans la diastase de point central et de fin, du télos et du péras comme l'exprime le cardinal Daniélou.
Et c'est peut-être en cela que Noël est plus qu'un conte merveilleux. Il est la manifestation première de la kénose d'un Dieu qui se fait petit enfant, être de chair fragile et pourtant rupture dans la chaîne implacable de la violence et de la mort. Le bruit d'un fin silence dans la violence d'un monde qui se déchaîne... et dont le massacre des saints innocents sera le premier signe.

22 décembre 2005

L'agir d'abord

La priorité de l'actio sur le Verbum est essentielle. Dieu a agi avant que l'homme le cherche...
"La résurrection d'entre les morts était attendue par Israël comme la conclusion de l'histoire, donc, au sens le plus littéral du mot comme eschaton, comme l'ultime action de Dieu" (1) Mais, j'ajouterais, elle n'a été que partielle, pour nous laisser le temps de goûter/désirer à sa présence.
Dans cette résurrection, "le cadre de l'histoire est dépassé, au dessus de l'histoire et ancré sur elle". (2) La résurrection est introduite dans l'histoire et nous sommes invités en quelque sorte à croire à l'eschaton au sein de l'histoire, à l'historicité de l'oeuvre eschatologique de Dieu. "La mort du Christ, la mort de Dieu provoquée par l'homme met en lumière avec l'effrayant effet d'un éclair l'épouvantable puissance de destruction de la méchanceté humaine, de la subversion des valeurs humaines comme la justice ou la piété au nom duquel Jésus a été condamné à mort. Mais cela signifie que Dieu maîtrise le passé de l'homme - le péché - en invitant à regarder vers l'avenir - vers le Christ (...) eschaton de l'histoire". (3)
De cette analyse surgit "une ligne de l'histoire du salut qui se prolonge encore et se situe à présent entre les deux signes du "déjà" et du "pas encore".
Je rejoins ce qui m'avais frappé également dans la thèse de R. Girard (cf. "Des choses cachées depuis la fondation du monde"). Ce que l'incarnation démontre ce n'est pas un Dieu qui assoiffe son désir de justice, mais bien au contraire, la mise au pilori du tout-amour.
Et c'est en cela qu'un renversement de l'histoire est rendu possible.
(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 207
(2) ibid p. 208
(3) p. 209

21 décembre 2005

Dieu Immuable... ? - II

Lorsque J. Ratzinger insiste sur le primat de l'histoire sur la métaphysique, sur toute la théorie de l'essence et de l'être, ce primat est mis en évidence par le fait que "l'image même de Dieu est soustraite à la simple doctrine de l'ousia". Il me semble que c'est ici que se situe la frontière décisive entre le concept du Dieu de la Bible et celui des Pères, ce qui constitue la difficulté constamment soulignée de la fusion patristique des pensées grecques et biblique et met en évidence une tâche dont la théologie chrétienne est loin d'être venue à bout. Pour le concept grec de Dieu l'essentiel est que Dieu est l'être pur immuable et que par conséquent il est agissant en aucune façon; son immutabilité absolue inclut qu'il s'enclose en lui-même, qu'il soit exclusivement tourné vers lui-même sans relation avec l'être mouvant (1). Pour le Dieu biblique, si je le comprends bien, la relation et l'agir sont plus essentiel. En cela création et révélation sont les deux propositions de base à son sujet. On peut ainsi dire que l'être ne "nous est pas accessible autrement que dans son agir." (2)
Cette vision rejoint ce que je cherchais depuis longtemps et qui me restait encore en porte à faux par rapport à ce que j'avais lu chez Thomas d'Aquin. J'y retrouve des éléments appréciés chez Varillon, notamment dans sa vision un peu iconoclaste mais combien éclairante de la souffrance de Dieu

(1) cf. Aristote, Politique 1325b 28 et Métaphysique 1074b, 21-35
(2) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 206

19 décembre 2005

Une brisure...

"La puissance de la mort, qui est la constante caractéristique de l'histoire a été brisée en un certain point par la puissance de Dieu et par là, une espérance toute nouvelle a été infusée dans l'histoire". (1)
C'est le nouvel Adam qui bouleverse notre histoire. Dieu s'est fait chair. Telle est notre foi.
(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 206

18 décembre 2005

Liberté fragile - II

Pour Joseph Ratzinger, le "concept central d'une philosophie et d'une théologie chrétienne de l'histoire devrait être la liberté, la liberté réelle qui inclut la non déductibilité et exclut par le fait même la cohérence parfaite de tout système de pensée; (...) Jésus-Christ avènement de la nouveauté et de l'imprévisible". (1) Si Dieu pouvait être pensé, déduit, il ne serait plus lui-même un être libre. On retrouve ce qui a déjà été évoqué largement dans ce blogue, à propos des liens entre liberté finie et infinie, à partir notamment des textes d'Urs von Balthasar... "La liberté a alors à faire dans chaque cas avec l'amour et l'amour avec le salut... Cela signifie ensuite que l'homme trouve le salut non pas dans un accès réflexe à lui-même, mais au delà dans la réflexion, dans un arrachement à lui-même, non dans une permanence en lui-même mais dans une sortie de lui-même. Cela signifie qu'en acceptant l'autre, le particulier, ce qui lui semble non nécessaire et libre, l'homme trouve la Totalité et le Vrai". (2)
J'aurais pu écrire ces phrases dans mes billets sur le décentrement... mais je m'incline devant cette ouverture à l'altérité... et je trouve là une consécration à cette recherche difficile sur la raison, l'intelligence de la foi, non comme une seule intelligence mais comme à travers l'acte de recevoir une possibilité d'être éclairé par l'autre.
(1) et (2) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 189

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17 décembre 2005

Liberté fragile

La faiblesse du concept rahnérien serait une conception de la liberté trop axée sur l'auto-réalisation, qui confrontée à la liberté divine conduirait à l'impression que Dieu agit seul. A travers cela on aboutit pour J. Ratzinger à une pré-destination. La Totalité rahnérienne n'est pas pour lui ouverte, à la différence d'une tension spirituelle qui doit être absolument une synthèse ouverte". (1) Mais où se trouve l'ouverture... Dans une fidélité à la Tradition, dans une quête incessante à travers la science théologique, où finalement peut-être dans ce décentrement qui me questionne depuis si longtemps, ce pas en avant dans l'inconnu de Dieu... ?

(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 188

Ek-stase... Dépassement

Pour J. Ratzinger, la direction à prendre pour dépasser Rahner serait "une spiritualité de conversion, de l'ek-stase, du dépassement de soi, qui est bien aussi un concept fondamental de Rahner "mais qui perd dans sa synthèse son sens concret.
Rahner a voulu trop. A l'inverse, Hans Urs von Balthasar a défini son programme d'une théologie de l'histoire en lui donnant le titre "le tout par fragments" pour bien souligner dès l'abord qu'il n'est pas donné à l'homme de voir et de lire le tout en lui-même, mais qu'il peut que "le pressentir en fragments dans ce qu'il a de positif et de particulier". (1)
La lecture de ces deux grands théologiens du XXième siècle qui marque ma vie depuis deux ou trois ans et cette écriture s'éclaire petit à petit à travers cette prise de distance par un tiers... Elle interpelle au delà de la lecture d'un mot à mot où l'on reste marqué par un certain mimétisme... Je pense que la vérité se trouve dans cette tension, dans cette recherche hyperbolique entre ce qui est révélé et ce qui peut traverser notre quête de l'intérieur, comme ce dépôt insaisissable d'un souffle fragile...

(1) d'après J. Ratzinger, ibid p.186 et 187

15 décembre 2005

Que tous soient un...

Les crises ne peuvent être dépassées que par la solidarité de tous les chrétiens. C'est justement pour cela que le dialogue oecuméniques est maintenant plus nécessaire qu'autrefois. Nous les chrétiens, ne devons nous pas apprendre de ceux qui sont loins de l'Église que le dialogue est le seul chemin pour résoudre les différends et que c'est seulement ensemble que nous pouvons affronter les grandes tentations qui attaquent les fondements même de la foi ? Personne ne peut s'enfermer dans son autosuffisance. Chaque chrétien, chaque confession, a besoin de tous les autres chrétiens et de tous les hommes, même si dans son Èglise il témoigne de la plénitude de la vérité. Il faut bien avoir conscience que la division des chrétiens est un péché contre l'Esprit Saint et qu'elle est le plus grand obstacle sur le chemin de la conversion du monde au Christ. Le Sauveur a prié pour que tous soient un afin que le monde croie (Jn 17,21).
Métropolite Seraphim, communication à Bucarest en 1998, cité par Magnificat, nº 132, novembre 2003

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14 décembre 2005

Nouveauté...

La phrase de K. Rahner "Celui qui accepte son existence ... celui-là dit oui au Christ (ibid p. 225ss) contredit la nouveauté du christianisme et réduit la libération chrétienne à une libération illusoire. (1)

Il ne s'agirait pas d'accepter sa condition comme un Job moderne, mais d'entrer dans une tension, qui va au-delà...
(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 185

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13 décembre 2005

Un fil rouge

Il n'y a pas de bon choix, ni de choix facile. Notre vie est toujours plus complexe et fragile dans un monde où les répères sont flous ou multiples. Je pense que seule une prise de distance, un temps de réflexion, un temps d'éclairage et de prière nous permet de trouver ce difficile équilibre.
La lecture d'un tiers aide à ce cheminement même si elle nous dérange dans nos certitudes. C'est ce que j'essaye de vous faire partager depuis près d'un an... J'espère que cela vous est utile... mais le petit nombre de retour m'interpelle. Bonne préparation de cet avénement...

12 décembre 2005

Madeleine Delbrel

"Seigneur, révélez-nous le grand orchestre de vos desseins, où ce que vous permettez jette des notes étranges dans la sévérité de ce que vous voulez. Apprenez nous à revêtir chaque jour notre condition humaine comme une robe de bal, qui nous fera aimer de vous tous ses détails comme d'indispensables bijoux. Faites nous vivre votre vie, non comme un jeu d'échecs où tout est calculé, non comme un match où tout est difficile, non comme un théorème qui nous casse la tête, mais comme une fête sans fin où votre rencontre se renouvelle, comme un bal, comme une danse, entre les bras de votre grâce, dans la musique universelle de l'amour. Seigneur, venez nous inviter..." (1)
Ce texte entre en raisonnance avec tout ce que j'écrivais sur l'harmonie trinitaire, la danse des personnes divines, à laquelle nous sommes conviés, par l'Esprit et en Christ.
Madeleine Delbrel, Nous autres gens des rues, p. 91-92, Seuil

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10 décembre 2005

Pères de l'Eglise

"La fréquentation des Pères n'est pas un simple travail de catalogue de musées du passé. Les Pères sont le passé commun de tous les chrétiens et c'est dans la redécouverte de cette communauté que réside l'espérance pour l'avenir de l'Eglise, son devoir - notre vie d'aujourd'hui." (1)
En écoutant une conférence de P. Gourier, le co-fondateur de Talitha Koum, je mesurais la richesse déjà entre-aperçue dans mon analyse de saint Antoine de la richesse de la philocalie. Un nouveau chemin de lecture dont je vous parlerai...
(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 167

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09 décembre 2005

Intelligence de la foi (suite)

En comprenant la foi comme une philosophie et en acceptant de se placer dans le Credo ut intelligam les Pères ont reconnu la responsabilité rationnelle de la foi (1)
Il me semble qu'il y a là un début de réflexion intéressante sur un sujet que je suis en train de travailler dans l'article théologie de Wikikto, à propos d'un hommage au cardinal Volk fait par J. Ratzinger... et dont je reparlerais... C'est en tout cas dans la ligne de ce que j'ai déjà commencé à traité de nombreuses fois dans ce blog...
cf. notamment ici
(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 166

PS : Sympa d'ailleurs l'option de recherche de Blogger... devrais essayer plus souvent...
PS 2 : Renaud m'a traité de serial blogger récemment... Je trouve le mot assez fin... C'est un petit peu ma drogue du matin, quand les neurones sont tous frais...

08 décembre 2005

Séparation

On peut déclarer la guerre à l'archaïsme ou au romantisme dans la liturgie, mais il ne faut pas pour autant "couper les liens avec les formes fondamentales de l'Eglise ancienne et de la prière ecclésiale". (1) Car dans ce cas on construit son Eglise à soi... et l'on reconstruit une babel fragile.
(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 165

07 décembre 2005

Religiosité, religion...

A un évêque sud-américain, un chrétien qui venait de passer chez les évangéliques aurait dit : "merci pour vos oeuvres, mais nous avons besoin d'une religion. L'homme ne vit pas seulement de pain." L'élément propre et permanent du christianisme nous conduit bien au-delà de ce que nous appelons habituellement réalité, et c'est précisément là dessus que repose sa force salvatrice... (1)
Cette remarque est interpellante, mais qu'est-ce à dire ? Faut-il pour autant sombrer dans l'irrationnel, le sacré pour le sacré. Je pense que l'on sort à peine d'une religion où se mêle superstition et carcan social. Cela n'implique pas qu'il faille tomber dans l'excès de rationalité ou de réalisme, mais que l'équilibre à trouver est peut-être dans un savant dosage entre une foi raisonnée et l'ouverture à un infini qui nous dérange, une Parole qui sépare, interpelle et conduit à un décentrement de nos petites têtes raisonnantes. Entre mystique, irrationnel, superstition, science, croyance et foi véritable, il y a un fil ténu qui se dessine. Nous ne devons pas pour autant rejeter l'inconnu, mais chercher justement à quitter nos certitudes...

(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 145

06 décembre 2005

Ceci est mon corps...

Ne plus chercher seul et à tâtons la transcendance mais percevoir dans le "Ceci est mon corps" une "anticipation de sa mort et de fait l'acte le plus radical de la condition humaine, tel que seul pouvait l'accomplir celui qui est en même temps le Fils". (1) Je crois que nous ne pouvons mesurer l'ampleur, la hauteur et la profondeur de cette phrase sans l'avoir véritablement offert, ce qui est l'oeuvre d'une vie...

(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 145

05 décembre 2005

Liturgie

Pour J. Ratzinger, l'Eglise "devient Eglise par la liturgie, par laquelle elle entre dans la prière de Jésus-Christ et se situe ainsi avec lui dans la sphère du Saint Esprit et par là au Père. Elle devient Eglise par l'adoration et l'adoration du point de vue du Christ et trinitaire. Ceci est proprement son nerf vital sans lequel le courant de vie s'arrête en elle. Là se réalise un échange : seule l'association réelle des particuliers à la prière peut donner une âme à la liturgie, au service communautaire de Dieu. Et seul celui-ci, grâce à son efficience propre, peut porter la prière des individus et leur donner force.(1)
Ce texte est à méditer et à reméditer à l'aune des développements déjà donnés dans ce blog notamment "eucharistie morne plaine"... La liturgie est essentielle mais à condition que la communauté lui consacre l'énergie suffisante pour qu'elle ne devienne pas, à force d'automatismes irréfléchis, un lieu de conformité, de panurgisme, d'obéissance social... On est tous coupables, si c'est devenu un état de fait. Et moi le premier... Et c'est pourquoi, je continue à plaider pour une humanisation de nos assemblées, qui ne soit pas lieu de cohabitation pacifique mais de communion vivante et partagée. Le rôle du prêtre y est essentiel, non pas forcément pour présider mais pour vérifier, stimuler, réveiller cette communion, au lieu, comme je le vois parfois, de réciter son rôle... La critique est certes facile. Mais sur ce plan, nous sommes tous co-responsables et si le prêtre est faible, c'est souvent parce que nous fidèles nous sommes incapables d'en faire plus.
(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 144

04 décembre 2005

Intelligence de la foi

Je ne peux m'empêcher de redonner cette phrase qui me semble essentielle sur le plan pastoral : "Si nous ne pouvons inventer la foi, nous pouvons réfléchir sur elle et même, il faut absolument le faire, car seule peut être transmise la foi que l'on s'est appropriée intérieurement." (1)
J'ai déjà longuement commenté ce que j'appelais l'intelligence de la foi. Si l'on peut arguer que la raison tue le coeur, je pense qu'il serait dangereux de tomber dans la superstition ou le sentimentalisme béat tel qu'on le voir parfois dans certaines communautés. Il y a un équilibre à trouver et la compréhension, la libre adhésion de l'esprit aux mouvements du coeur me semblent essentiels...

(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 143

03 décembre 2005

Avenir de l'Eglise

"L'Eglise ne peut être sauvée par des compromis et des adaptations, ni par de simples théories, mais seulement par une prise de conscience d'elle-même et par une profondeur de foi qui ouvre la porte à l'Esprit Saint et à sa puissance d'union (...) l'unité de l'Eglise n'est pas réalisée par des hommes, mais ne peut être opérée que par l'Esprit Saint" (1)
Cela fait raisonner en moi, cette homélie entendue le 17 novembre à St Philippe : La violence ne sauvera pas le monde. Seule la bonté des hommes, éclatante et joyeuse peut transformer le coeur.
On a trop souvent tendance à critiquer l'Eglise de l'intérieur comme de l'extérieur, alors qu'elle n'est image que de ce que nous sommes, individuellement et collectivement.
Seule l'intelligence de nos actes, l'intelligence de la foi et un amour en actes et en vérité nous fera progresser dans ce sens.

(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 132

02 décembre 2005

Baptême sans la foi

Si j'interprêtre bien ce passage, pour J. Ratzinger, si le baptême est donné sans la foi, le caractère sacramentel est imprimé mais la grâce n'est pas donnée... (1). Cela dérange ma conception de la grâce que je perçoit comme don gratuit et infini de Dieu. J'ose croire qu'il s'agit d'une mauvaise traduction. Pour moi le problème ne se situe pas dans le fait qu'elle soit donnée mais plutôt de la non réception... Le baptême sans la foi, c'est un chemin vers Dieu où l'on passe à côté de l'essentiel. Mais pour moi Dieu est présent. Il suffit de le chercher...
(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 112

01 décembre 2005

Dieu est

Jésus est radical dans son affirmation que Dieu est et la Résurrection est l'ultime concrétisation de cette phrase (1)
C'est peut-être ce qui nous différentie le plus du Christ. Cette incapacité à dire amen, à croire à cette existence au point de tout abandonner pour le suivre.
(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 107

30 novembre 2005

L'obéissance de Jésus

Le thème de l'obéissance ne cesse de me travailler (cf. lien). Peut-être est mes 20 ans de pastorale qui me conduisent à chercher toujours les mots justes.

L'obéissance de jésus est complexe. Jésus meurt parce que la vérité est attaquée ; son obéissance est l'adhésion stable à la Vérité contre la conspiration du mensonge.(1) Mais peut-être que le mot même d'obéissance en français courant à perdu son sens profond. Doit-on parler d'obéissance ou plutôt de la pleine adhésion au Père comme à sa vérité ? Je crois qu'il nous faut chercher d'autres mots, plus adaptés, moins péjoratifs pour exprimer ce qui n'est en fait qu'une harmonie, une symphonie à construire entre la volonté du Père et la liberté du Fils...

(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 105

29 novembre 2005

Jésus révolution ?

Jésus n'est pas révolutionnaire mais "pieux et libéral" en même temps a dit Ersnt Käseman (1)
Il ne s'agit pas de renier la tradition mais comme l'explique si bien Paul Ricoeur dans son 2ème tome de la philosophie de la Volonté, il faut retrouver au sein même de celle-ci ce qui en est l'essence. Les pharisiens avaient mis en place de nombreuses règles et préceptes pour mettre Dieu au coeur de leur vie, mais en s'attachant trop à la forme, avaient oublié l'essentiel : Dieu.
C'est peut-être cela le coeur de la nouveauté du christianisme. Un décentrement vers l'Unique.

(1) cité par J. Ratzinger, ibid p. 104

28 novembre 2005

Nouveauté et tradition...

Jésus n'a pas pressenti son message comme quelque chose de purement nouveau, comme la fin de tout ce qui avait précédé, il était juif et il est resté juif, et cela veut dire qu'il a relié son message à la tradition d'Israël croyant. Il n'a pas rejeté derrière lui l'Ancien Testament comme chose ancienne et désormais dépassée mais il l'a vécu et ainsi révélé sa signification : son message a été un retour créateur de la tradition jusqu'à son fondement originel. Pour J. Ratzinger, les traditions des juifs sont critiquées par Jésus pour qu'apparaissent en pleine lumière la véritable Tradition. (1)
A l'inverse, il souligne que le progressisme n'est autre qu'un archaïsme cadré qui n'accorde de crédit qu'à la primitive église. Revenir à l'Evangile peut être constructeur, mais faire fi de tout héritage de la Tradition, c'est nier qu'avant nous des hommes et des femmes aient pu être travaillés par l'Esprit et affirmer que nous détiendrions seul la vérité. J. Ratzinger a une image amusante pour décrire cela. Il parle d'un vaisseau spatial qui aurait coupé tout contact avec la terre. La liberté de pensée à des limites...
En un sens, les sectes ont ce type d'archaïsme en quittant l'Eglise à tel moment du déroulement de l'histoire de la foi et s'affranchissant de tout lien avec le passé et l'Eglise vivante.

(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 103

27 novembre 2005

Projet 289 - Dialogue israélo-palestinien

Un témoignage touchant d'un israëlien et d'un palestinien qui désire de réformer les livres d'histoire de leur pays en laissant à l'autre la parole sur ce qu'il a vécu... Une petite association de professeurs qui se rencontrent des deux côtés de la barrière... C'est un peu comme ce film sur Noël en 1914, sauf que c'est de l'aujourd'hui... un chemin d'espoir.
cf. Projet n°289

26 novembre 2005

Semaines sociales de France

Un bref passage aux Semaines sociales de France, hier pour une grande partie de la journée. Beaucoup reçu et de grandes interpellations. Le thème "Transmettre" n'est pas un thème simple. On y a beaucoup parlé de Tradition aussi. La rejeter, faire sans, revenir à l'essentiel... Avant d'exploiter complètement mes notes, je pense qu'il faudra revenir dessus, à l'aune de mes lectures... Dans l'ouvrage lu actuellement de Ratzinger, le lien à la Tradition est marqué comme essentiel. Il est fondateur. Reste à trouver un chemin de fidélité qui soit aussi un chemin de liberté...
A ce sujet, j'aime bien cet extrait d'Hannah Arendt, qui parle d'un chercheur de perles sous l'océan. Concevoir la tradition comme une mine pleine de pépites à redécouvrir au delà de l'enpoussièrement du temps, pourrait être une façon de redonner goût à l'héritage, à ce qui mérite un détour, au delà de cette hybris d'un présent où je décide tout seul. Un premier chemin vers le décentrement qui nous permet de ne pas réinventer la poudre, mais de tracer au delà de la complexité un chemin de discernement...

25 novembre 2005

Péché originel

"L'humain est fondé par la tradition, l'apparition de celle-ci comporte avant tout la capacité d'écouter l'autre (que nous nommerons Dieu) mais il faudrait ajouter à cela que, dès le début, non seulement cette capacité d'écoute et cette écoute effective mais aussi le péché ont été constitutifs de ce type de construction du sujet qui est lui-même comme de l'être humain en général." Peut-on aller jusqu'à dire que le péché est inhérent à la capacité originelle de liberté de l'homme ?
Je crois que le péché est le don fait à l'homme d'une liberté... Or pour choisir librement l'amour, si l'on est libre, cela suppose aussi de pouvoir ne pas le choisir et c'est là où le péché, cette capacité de ne pas choisir l'amour est originel...

(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 96

24 novembre 2005

L'Eglise et l'homme

Le point central de la structure de l'Eglise et ce qui la destine à l'universalité, c'est d'être au service de l'humanité, donner à l'homme son caractère humain. On peut ajouter que commencer par l'humain parce qu'il est au coeur de chacun et déjà habité par Dieu permet de révéler en chacun l'humain caché et blessé et en, même temps, c'est révéler Dieu. Et quand la révélation a commencé, Dieu apparaît là où il était alors qu'on ignorait sa présence. Pour reprendre la belle phrase de saint Augustin in Confessions : "Longtemps je t'ai cherché beauté si ancienne et pourtant tu étais là et je ne le savais pas !"...

23 novembre 2005

L'humour

Pour J. Ratzinger, "où manque la joie, où disparaît l'humour, là n'est certainement pas l'esprit du Christ." La joie est un signe de la grâce... "Celui qui a souffert et n'a pas perdu la joie, celui là ne peut être loin de Dieu de l'Evangile dont le premier mot au seuil de la nouvelle alliance est "réjouis-toi"...
Pour un bloggueur aussi sérieux que moi, ça dérride :-)

(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 90

22 novembre 2005

Un don total

Pour Dieu "il vaut la peine que même son Fils devienne homme (..) celui qui est aimé jusqu'à la mort - celui là se sent vraiment aimé. Si Dieu nous aime libre alors nous sommes véritablement aimé et l'amour est vérité et la vérité amour." (1) Réjouis-toi homme, d'une joie qui va jusqu'aux racines... Car si ce n'est pas dans le monde que se situe la joie véritable, c'est à notre monde qu'elle a été révélée, et cette révélation nous trace le sentier qui y conduit. Il ne s'agit pas d'une utopie, mais d'un chemin périlleux de confiance et d'amour, à travers lequel nous percevons déjà des étincelles et des fragments et qui nous ouvre à la musique, l'harmonie infinie des personnes divines. La joie, c'est la participation fragile à la danse trinitaire.

(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 87

21 novembre 2005

Réjouis-toi...

"Khairé"... L'histoire du christianisme commence par ce réjouis toi de l'annonce de la naissance de Jésus (Lc 1,28) confirmé par l'annonce aux bergers. C'est une grande joie. Mais est-ce l'illusion de la joie de ce monde. La bonne nouvelle est différente des joies du monde. (1)
Pour moi, il y a par exemple dans la vie conjugale une joie profonde et cette joie c'est de parvenir de manière fragile à être en Dieu (in christoî...).
Le message de l'Evangile n'est pas joyeux car il plaît mais parce qu'il vient de celui qui a la vraie joie. La vérité rend libre et seul la liberté rend heureux. Comme l'affirme Bernanos "la grâce des grâces serait de s'oublier soi-même".

Pour répondre à Phi.L et compléter sur l'hyperbole, l'échange des consentements n'est pas dans un recevoir et un donner immédiat, même s'il prend chair dès les premiers instants. Il est hyperbole, parce que le chemin tracé de cesse de s'affiner, s'invite à un dépassement, qui se construit dans le temps et pour lequel le je te reçois et je me donne à toi du Christ, dans le lavement des pieds puis à travers la passion constitue le sommet, indépassable, inimitable mais qui reste tension dans tout nos chemins de chrétiens...

(1) d'après J. Ratzinger, ibid p.80

20 novembre 2005

Révélation

"On ne peut constater Dieu comme on constate n'importe quel objet mesurable". (1) Cela passe par l'humilité au plan de l'être. Nous sommes appelés au sein même de l'exercice libre de notre intelligence à nous laisser interpellé par l'intelligence éternelle. Pour reprendre les termes déjà commentés dans ce blogue à propos de Balthasar, notre liberté finie doit s'ouvrir à une liberté infinie.
Ce n'est pas seulement un Tu a qui l'on peut s'adresser mais plus que cela ajoute J. Ratzinger. Il faut "s'adresser à celui qui est le fond même de mon être (...) mais en même temps relativiser car je ne puis aimer que parce que je suis aimé..." (2)

Il y a pour moi dans cet échange, le coeur de la révélation. On ne peut aimer, donner, que si l'on a reçu... J'en viens d'ailleurs à regretter la nouvelle version du rituel du mariage, qui ne considère plus comme centrale (3) cette phrase qui avait pour moi tant de sens : "Je te reçois et je me donne à toi". Elle était peut-être au niveau de l'hyperbole, mais elle entrait en raisonnance avec ce don premier de Dieu qui appelait à une réponse.

(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 77
(2) ibid p. 79
(3) Il ne s'agit plus de la proposition principale, mais de la formulation n°3

(Version amendée le 26/11 suite à vérification, cf. note 3)

19 novembre 2005

Microfinance - Micro-crédit

Dans un monde marqué par une accentuation des différences sociales, par la jalousie et l'échec des assistances / colonisantes, l'espoir que fait germer les expériences de micro-crédit vaut le coup d'être noté. Dérogeant les sujets traditionnels de ce blog, je me fais l'écho ici d'un projet de microcrédit lancé par un collègue et ami : Microfinance

Liberté- V - Sartre et Dieu...

Sartre nie Dieu au nom de la liberté mais il s'agit de savoir si l'homme reçoit la réalité comme un pur matériau ou s'il l'accueille comme un sens qui s'offre à lui : s'il doit inventer les valeurs ou les découvrir. Il s'agit de deux libertés très différentes, deux orientations fondamentales de la vie.(1)
Notre liberté est-elle réduite par la présence de Dieu, où n'est-il pas au contraire le lieu d'accomplissement de notre propre liberté. N'est-ce pas en lui que l'on peut trouver la joie. Sa présence n'est-elle pas ce qui nous libère de l'esclavage de nos manques d'amour, de nos pulsions, de ce qui en nous nie notre capacité à être vraiment homme.

(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 77

18 novembre 2005

Musique...

Dans son testament spirituel, Teilhard de Chardin évoque cette "musique des choses" qui révèle la musique de Dieu. Je crois qu'on touche là au coeur de la contemplation. Il ne s'agit pas d'un sourire béat sur le monde, mais d'une sensibilité qui nous fait percevoir l'indicible dans les traces subtiles et fragiles où Dieu se révèle, par fragments, afin de ne pas imposer sa présence mais pour nous attirer vers l'essentiel....

17 novembre 2005

On frappe à la porte...

Notre intérieur douillet est bien chahuté... Alors que la violence, la différence, la jalousie éclate à notre porte. Le surgissement d'une relation avec Dieu semble bien différent d'une théorie. Il s'agit de laisser entrer dans cet intérieur douillet une présence véritable, un espace de différence, l'autre. Présence et en même temps distance, infini de possible, liberté infinie qui excite ma propre liberté, la fait grandir, la vivifie et peut-être un jour fera de moi un être contagieux... La contagion de l'amour ? Une pandémie qui serait un autre risque pour l'homme que la grippe aviaire... Un risque de tout perdre ?

Est-ce une utopie ?

16 novembre 2005

Un Dieu lointain ?

Un des premiers malentendus de notre temps est celui qui fait de Dieu, un "Dieu théorique qui en fin de compte ne change rien au cours du monde et de notre vie.". (1)
Or cette mise à distance de Dieu est caractéristique de notre temps. Dieu devient le Dieu kleenex, celui que l'on ignore pas mais celui à qui on laisse finalement là même fonction qu'une roue de secours (et en ce qui concerne la mienne, j'ai vérifié au bout de dix ans, qu'elle était encore là sous ma voiture...). Cela interpelle quant à l'opposé on est soit même à la merci de l'esclavage des éléments du monde, de ces modes fuyantes et finalement anesthésiantes... Le changement qui se produit par l'entrée de Dieu dans le contexte d'une vie, atteint jusqu'au plus personnel et jusqu'au plus intime des rapports humains (cf 1 Thes 4,3 ss). Nous laissons déranger, décentrer...
A méditer...
(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 71

15 novembre 2005

La Conversion

Si le terme grec de Metanoia est souvent considéré comme un don de Dieu, il ne cesse pas pour autant d'être une exigence et un devoir. Le discernement serait ainsi la tâche la plus exigeante et la plus essentielle du chrétien. On rejoint là les accents déjà évoqués dans Veritatis Splendor qui appelle le chrétien à une conscience éclairée, c'est-à-dire à la fois au cheminement intérieur pour trouver la voix inscrite au fond de son coeur, mais aussi pour vérifier à l'aune de l'Ecriture, de la tradition et de l'enseignement des tiers comme de la vie communautaire, un sain éclairage à son cheminement personnel. Cet enjeu est pas neutre dans nos sociétés souvent malmenées et cherchant un sens profond à travers des interrogations et méthodes qui manquent souvent de recul et donc de discernement. Le souffle de l'Esprit est essentiel, mais si les volets de la maison restent fermés, il soufflera en vain...

A propos de Jean XXIII, Joseph Ratzinger écrivait il y a 20 ans qu'"une petite voie, la spiritualité moyenne d'une prêtre italien, un peu étroite et pourtant ouverte sur l'essentiel (...) cette voie à mûri jusqu'à l'ultime simplicité spirituelle qui ouvre le regard et qui a embelli ce vieil homme petit et gras par un rayonnement venant de l'intérieur. Là tout est don et pourtant, tout est conversion" (1)

Cela fait raisonner cette phrase entendue lors des 50 ans des CPM ce Week-end : "La grâce et l'effort sont les deux ailes d'un même oiseau".

(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 70

10 novembre 2005

Progression

Pour saint Bonnaventure : "Charitas opera non deficiunt sed proficiunt". La charité est une oeuvre croissante, elle ne dépérit pas. On pense à la "messe sur le toit du monde" de Theillard de Chardin et cette vision grandiose d'une lente tapisserie en construction, qui rapelle également cette vision de Saint Augustin. S'il y a effectivement progression dans la révélation et dans la perception d'un amour qui oeuvre au sein des hommes de bonne volonté, cela ne se fait pas sans, a contrario, la montée des forces négatives, du mal, de l'indifférence. L'ignorer serait se fermer les yeux. En prendre conscience, y compris dans un combat intérieur, me semble essentiel.
Notre chemin est peut-être dans cette capacité à continuer de dire oui. Oui à l'appel de Dieu et ce faisant de se maintenir non sans mal dans une constante disponibilité au changement.
"être enfant (de Dieu) cela signifie être petit, avoir besoin d'aide et s'y montrer disposé" (1). On retrouve là encore les accents de ce décentrement déjà longuement évoqué dans ces pages.

(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 69

09 novembre 2005

Parler du péché...

Le péché, un concept du passé ? Il y a pour moi deux façons d'aborder le sujet. La manière culpabilisante, qui cherchait à le trouver chez tout le monde sans toujours voir ses propres fragilités, et le chemin personnel de tout homme, qui est appelé à discerner ce qui en lui est esclavage, fuite, refus, faiblesse. Si l'on a été trop dans un sens, peut-être devons nous cependant réfléchir sur l'importance de ce travail intérieur ou communautaire, qui aide par un éclairage miséricordieux à détecter en soi et dans ses comportements, les traces e ce qui nous éloigne de Dieu.
A ce sujet, J. Ratzinger note (1) le danger de l'esprit, de l'intériorité de l'homme. "Le salut ne vient pas de la seule intériorité, puisque cette intériorité même peut justement être crispée, dominatrice, égoïste, mauvaise : "ce qui sort de l'homme, voilà ce qui souille l'homme" (Mc 7,20). Ce n'est pas le retour à soi qui sauve, mais bien plutôt le retour par lequel nous nous quittons pour aller au Dieu qui nous appelle".
Notre travail de discernement ne peut se contenter d'une introspection, mais doit s'ouvir à un Dieu qui rentre en l'homme de l'extérieur, à un "Tu qui entre en lui par effraction et par là-même le délivre". C'est pourquoi la métanoia (conversion, renouveau) appartient à l'ensemble des réalités de l'alliance. En elle l'homme est appelé à se transformer "jusqu'à la plus ultime profondeur de son être".
Or souligne J. Ratzinger, nous nous arrêtons souvent à une métanoia relative, qui ne va pas jusqu'à l'amour des ennemis. L'homme chrétien "revendique comme allant de soi, le droit d'être considérés dans le monde, et ne veulent pas passer pour un "fou du Christ". Ce relativisme fait qu'en définitive nous ne sommes pas prêts "à la rupture totale avec le monde et ses critères". Pour lui, en cel anous restons dans un "particularisme éthique" et non proprement chrétien...
Le courage de rompre avec cette tendance est la seule et véritable métanoia. Il nous faut suivre l'exhortation de saint Paul qui regrette que ceux qui "on goûté à la lumière et au don de Dieu (...) puissent revenir à leur ancienne vie" (Heb 6,4ss)
A méditer...
(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid, p. 63ss

PS : Je m'excuse pour les abonnés à la version mail de ce blog des derniers ratés liés à une défaillance technique de l'hébergeur qui n'enregistrait que le titre du message. Si dans l'avenir vous ne recevez qu'un titre, je vous invite à consulter quelques heures plus tard la version "on line" pour obtenir le post complet.

07 novembre 2005

Blogger.com de nouveau en panne, désolé pour ces billets où les textes sont coupés...

Notre Père...

Un lecteur me demande d'expliquer le Notre-Père...
Quelques pistes, mais vous pouvez commenter...
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La première chose est peut-être de saisir Dieu comme un Dieu d'amour
et parce qu'il est aimant comme un père on s'adresse à lui comme un père...
Il est au cieux, c'est à dire qu'il est à la fois proche par sa paternité mais infini par son amour.
On appelle cela le paradoxe de la distance et de la proximité.
Il nous aime comme un père mais un père qui est infini d'amour... et c'est ce que signifie "les cieux".
"Que ton nom soit sanctifié" est la reconnaissance de cette présence sainte, mais aussi de son histoire, puisque ce Dieu n'est pas impalpable, indéfini, mais révélé. Il est intervenu dans notre histoire. Il a un nom donné à Moïse et révélé ensuite aux prophètes jusque dans son Fils...
"Que ton règne vienne" est la reconnaissance de notre petitesse et que seul nous ne pouvons être l'amour.
Il faut que l'Amour avec un grand A soit victorieux pour que nous puissions trouver la joie véritable....
"Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel" est l'acceptation de son amour et de ce qu'il nous en dit dans l'Ecriture... C'est notre foi de fils qui nous permet d'adhérer à sa volonté...
Donne nous aujourd'hui notre lot d'amour, de pain et de vie quotidienne.
Pardonne nous ce que nous ne faisons pas dans l'amour
Comme nous pardonons à ceux qui nous ont fait du mal
Mais ne nous soumet pas à la tentation, à ce qui nous détourne de l'amour...
En espérant avoir été clair...

05 novembre 2005

Indivualisme et communion

Quand chacun veut devenir Dieu, toute communion avec les autres apparaît comme une contradiction en soi
L'homme ne peut-être identifié à Dieu mais Dieu s'est identifié à l'homme. "Tel est le contenu de la communion qui nous est offerte dans l'Eucharistie et toute communion qui reste en deçà ne peut donner que bien trop peu" (...) "L'Eglise est communion ; elle est la réalisation de la communion de Dieu avec les hommes dans le Christ, et par là des hommes entre eux, et donc sacrement et instrument de salut. L'Eglise est célébration de l'Eucharistie, l'Eucharistie est l'Eglise ! Ce ne sont pas des notions juxtaposées mais une même et unique chose, et c'est de là que tout le reste rayonne. Certes l'Eglise très hétérogène. Elle ne peut devenir "peuple" que par celui qui l'unit par le haut et par le dedans, par la communion avec le Christ. (1)
On retrouve la notion évoquée plus haut et en même temps cette notion déjà évoquée de médiateur unique. L'Eglise est sacrement parce qu'elle est communauté de personnes, qui habitées par le Christ, reçoivent en communion à son corps une parcelle de Dieu. Et quand cette réception se fait par une mort à soi-même, un décentrement véritable qui nous laisse habité par le Christ, nous devenons temple.

(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid, p. 56ss

04 novembre 2005

Eglise sacrement

"Cum vero Ecclesia sit in Christo signum et instrumentum seu veluti sacramentum intimae totius generis humani unitatis eiusque in Deum unionis..." ce qui se traduit par "L'Eglise est dans le Christ comme le sacrement c'est-à-dire le signe et l'instrument de l'unité profonde de tout le genre humain et de son union à Dieu." (1)
Cette dimension sacramentelle de l'Eglise est une ouverture particulière qui élargit le sens même de la vie du chrétien. Pour reprendre une analyse donnée plus haut sous le titre "Verticalité", le danger de notre culture de la personne, de l'individu tout puissant, nouvelle tour de Babel de notre humanité, est de vivre et construire pour soi, sans intégrer la dimension de communauté. L'Eglise est à l'inverse une école de la communauté. La cité de Dieu est la direction de cette église parfois malade et fragile, mais toujours en marche vers sa dimension sacramentelle. Comme l'amour du prophète Osée pour sa prostituée, le Christ nous aime malgré nos faiblesses et c'est à travers celle-ci que ce construit la révélation. Le souffle qui habite l'Eglise vient travailler son essence, vient l'habiter et c'est ce souffle intérieur qui est signe et instrument en nous de l'invisible. L'Eglise est "l'infrangible sacrement de l'unité" disait saint Cyprien.
"Pour que le signe (visible) puisse réaliser dans les faits une pareille médiation de l'extérieur vers l'intérieur cela implique qu'à l'intérieur il faut qu'il en ait reçu le pouvoir et cela est signifié par l'expression institué". (2)
J. Ratzinger rappelle d'ailleurs que cette notion d'Eglise sacrement a été introduite par Henri de Lubac dans "Catholicisme, les aspects du dogme'' dans sa critique d'une foi personnelle, de l'individualisme d'une recherche d'un Dieu pour soi seul.

Je crois que c'est le travers le plus fréquent de notre temps. Une volonté de maîtrise qui n'est finalement qu'orgueil et démesure, à l'image parfois de ces mots que j'aligne tous les jours et qui sont si souvent suivi de peu de chose, de peu d'amour. L'Eglise est autre chose que des mots, que ce blog. L'Eglise est dans la communauté d'amour que nous formons et qui transpire de l'amour de Dieu...
(1) LG, cité par Joseph Ratzinger, ibid, p. 46
(2) d'après Joseph Ratzinger, ibid, p. 51ss

03 novembre 2005

Mourir pour vivre

Dans le baptême, la mort (les eaux, la mer) et la vie (source) sont étroitement mêlée. Le baptême est le plongeon dans la mort et dans la source de la vie. Seul le renoncement à soi-même conduit au pays de la vie. Cette double symbolique est très forte.
Mais ce renoncement n'est "sacramentel" que lorsque la foi est un don fait par l'intermédiaire de la communauté, qu'elle même reçoit en don. La foi ecclésiale conduit à penser que le baptême, c'est le sacrement de la foi ! Et c'est bien ce que signifait cette affirmation du credo pendant le rite du baptême.