11 novembre 2017

Pastorale du seuil

"Conduisez-vous avec prudence envers ceux qui sont hors de l'Eglise, sachant profiter des circonstances. Que votre parole soit toujours aimable, assaisonnée de sel en sorte que vous sachiez comment il faut répondre à chacun". Colossiens 4:5‭-‬6

A méditer à l'aune de mes travaux éponymes sur la Pastorale du seuil

09 novembre 2017

"L'amour de ta maison" et les Marchands du temple - Jean 2

Le texte de Jn 2 que nous donne à contempler la liturgie d'aujourd'hui (les marchands du temple) en cette fête de la dédicace du Latran doit se contempler à l'aune de la Passion qui habite ce texte dès les premiers versets de la péricope précédente (Cana). Nous sommes au "troisième jour" et la Croix est là,  bien présente dans cette eau qui va devenir le vin des noces. (1)
L'époux est là et l'heure de ses noces approchent. Il monte déjà charnellement et spirituellement à Jérusalem.  Le bon vin, servi en dernier se prépare,  après un long effort de Dieu vers l'homme.  Le mendiant d'amour va tout donner (cf. plus haut) même son Fils.
La mère est là, au pied de la Croix et il crie d'angoisse.  "Femme que me veux tu ?"
Est-ce déjà l'heure ?
Non, pas encore, mais "que ta volonté soit faite".

Allez, amis serviteurs, au puits de la rencontre, puisez l'eau vive ! (cf. Jn 4).
Remplissez les jarres, car la source est prête.


Dans cet axe, le zèle du Christ est à entendre à l'aune du psaume 68 (69) tout entier cité par Jean 2, 17. [Père], l'amour de ta maison est mon tourment. Outre le verset 10 cité c'est tout le psaume qui jaillit comme un cri. Face à cette plainte, la colère du Christ sur le traitement fait à la "maison du Père" semble bien légère. 
Écoutons et méditons en effet le psaume,  l'allusion au vinaigre,  entendons le cri du Crucifié.
02 Sauve-moi, mon Dieu : les eaux montent jusqu'à ma gorge ! 
03 J'enfonce dans la vase du gouffre, rien qui me retienne ; 
* je descends dans l'abîme des eaux, le flot m'engloutit. 
04 Je m'épuise à crier, ma gorge brûle.
* Mes yeux se sont usés d'attendre mon Dieu.
05 Plus abondants que les cheveux de ma tête, ceux qui m'en veulent sans raison ; 
* ils sont nombreux, mes détracteurs, à me haïr injustement. 
Moi qui n'ai rien volé, que devrai-je rendre ? 
* 06 Dieu, tu connais ma folie, mes fautes sont à nu devant toi.
07 Qu'ils n'aient pas honte pour moi, 
ceux qui t'espèrent, Seigneur, Dieu de l'univers ;
* qu'ils ne rougissent pas de moi, ceux qui te cherchent, Dieu d'Israël ! 
08 C'est pour toi que j'endure l'insulte, que la honte me couvre le visage :
09 je suis un étranger pour mes frères, un inconnu pour les fils de ma mère. 
10 L'amour de ta maison m'a perdu ; on t'insulte, et l'insulte retombe sur moi.
11 Si je pleure et m'impose un jeûne, je reçois des insultes ; 
12 si je revêts un habit de pénitence, 
je deviens la fable des gens : 
13 on parle de moi sur les places, les buveurs de vin me chansonnent.
14 Et moi, je te prie, Seigneur : c'est l'heure de ta grâce ; 
* dans ton grand amour, Dieu, réponds-moi, par ta vérité sauve-moi. 
15 Tire-moi de la boue, sinon je m'enfonce : 
* que j'échappe à ceux qui me haïssent, à l'abîme des eaux.
16 Que les flots ne me submergent pas, que le gouffre ne m'avale, 
* que la gueule du puits ne se ferme pas sur moi. 
17 Réponds-moi, Seigneur, car il est bon, ton amour ; 
* dans ta grande tendresse, regarde-moi.
18 Ne cache pas ton visage à ton serviteur ; je suffoque : vite, réponds-moi. 
* 19 Sois proche de moi, rachète-moi, paie ma rançon à l'ennemi.
20 Toi, tu le sais, on m'insulte : je suis bafoué, déshonoré ; 
* tous mes oppresseurs sont là, devant toi.
21 L'insulte m'a broyé le coeur, le mal est incurable ; 
* j'espérais un secours, mais en vain, des consolateurs, je n'en ai pas trouvé.
22 A mon pain, ils ont mêlé du poison ; quand j'avais soif, ils m'ont donné du vinaigre. (...)
30 Et moi, humilié, meurtri, que ton salut, Dieu, me redresse. 
31 Et je louerai le nom de Dieu par un cantique, je vais le magnifier, lui rendre grâce.
32 Cela plaît au Seigneur plus qu'un taureau, plus qu'une bête ayant cornes et sabots. 
33 Les pauvres l'ont vu, ils sont en fête : « Vie et joie, à vous qui cherchez Dieu ! »
34 Car le Seigneur écoute les humbles, il n'oublie pas les siens emprisonnés. 
35 Que le ciel et la terre le célèbrent, les mers et tout leur peuplement !
36 Car Dieu viendra sauver Sion et rebâtir les villes de Juda. 
Il en fera une habitation, un héritage : 
* 37 patrimoine pour les descendants de ses serviteurs, demeure pour ceux qui aiment son nom.

Alors la point du texte jaillit  comme un chant d'espérance : " Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai. » 

Percez son sein et "et aussitôt, il en sorti[ra] du sang et de l’eau." (Jn 19, 34).
Dans cet axe les deux lectures du jour paraissent évidentes : 

« J’ai vu l’eau qui jaillissait du Temple,
et tous ceux que cette eau atteignait étaient sauvés » (Antienne Vidi aquam)

« En ces jours-là, au cours d’une vision reçue du Seigneur,l’homme me fit revenir à l’entrée de la Maison, et voici : sous le seuil de la Maison,de l’eau jaillissait vers l’orient,puisque la façade de la Maison était du côté de l’orient.L’eau descendait de dessous le côté droit de la Maison, au sud de l’autel. L’homme me fit sortir par la porte du nord et me fit faire le tour par l’extérieur, jusqu’à la porte qui fait face à l’orient,et là encore l’eau coulait du côté droit. Il me dit :« Cette eau coule vers la région de l’orient, elle descend dans la vallée du Jourdain,et se déverse dans la mer Morte,dont elle assainit les eaux.En tout lieu où parviendra le torrent,tous les animaux pourront vivre et foisonner. Le poisson sera très abondant, car cette eau assainit tout ce qu’elle pénètre,et la vie apparaît en tout lieu où arrive le torrent. Au bord du torrent, sur les deux rives,toutes sortes d’arbres fruitiers pousseront ;
leur feuillage ne se flétrira pas et leurs fruits ne manqueront pas.Chaque mois ils porteront des fruits nouveaux,car cette eau vient du sanctuaire.Les fruits seront une nourriture,et les feuilles un remède. » Ez 47, 1-2.8-9.12

"Frères,vous êtes une maison que Dieu construit.Selon la grâce que Dieu m’a donnée,moi, comme un bon architecte, j’ai posé la pierre de fondation.Un autre construit dessus.Mais que chacun prenne garde à la façon dont il contribue à la construction.La pierre de fondation, personne ne peut en poser d’autre que celle qui s’y trouve : Jésus Christ. Ne savez-vous pas que vous êtes un sanctuaire de Dieu,et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? Si quelqu’un détruit le sanctuaire de Dieu,cet homme, Dieu le détruira,car le sanctuaire de Dieu est saint,et ce sanctuaire, c’est vous.– Parole du Seigneur.
(1 Co 3, 9c-11.16-17) (2)

(1) cf. mon commentaire dans "sur les pas de Jean".
(2) Source AELF

08 novembre 2017

Mendiant d'amour

Il y a dans le regard de ceux que vous croisez dans la rue,  assis sur le trottoir la main tendue autre chose que l'attente d'une pièce de monnaie. Il y a ce désir d'être reconnu,  aimé. Il y a un désir de compter pour vous, alors que chaque jour, vous le croisez, vous donner votre obole et votre sourire. Il y a même parfois celui qui vous donne un cadeau,  le monde à l'envers,  alors même que c'est depuis des mois l'inverse. Est-ce parce qu'un jour vous avez donné un billet,  un vrai sourire, parce que,  à croupi vous lui avez parlé ?
Et si Matthieu 25, 35 avait raison, et si c'était Dieu, dans ce mendiant à genoux devant l'homme ?
Il y a dans le regard de Dieu que vous croisez une main tendue, ce désir d'être reconnu,  aimé. Il y a un désir de compter pour vous, alors que chaque jour, vous le croisez, vous lui donnez un peu de temps et un sourire. Il y a même souvent ce Dieu qui vous donne un cadeau puis s'efface de peur de violer votre liberté.

07 novembre 2017

Pour lui-même

L'amour du prochain est en soi une tension délicate à appréhender. Il faut probablement évoquer à ce stade la triple clé de lecture d'Augustin (1) qui distingue Amare Amare, Amare Amari et Amare, c'est à dire aimer aimer, aimer être aimé et aimer tout simplement, gratuitement dirait Jean-Luc Marion. "Partant du principe fondamental de gratuité" il est véritablement chrétien d'aimer l'autre "pour lui-même"(2). C'est à dire de ne pas chercher à le forcer à quoi que soit y compris à croire(3) mais tout simplement de s'agenouiller devant lui (4) et le laisser grandir en espérant qu'il goûte à cette intimité inouïe de notre Dieu par simple transpiration.

"Nous devrions nous interroger sur la mystérieuse force de diffusion qui habite l'Évangile lui-même et, surtout, prendre au sérieux notre difficulté à nous initier les uns les autres à l'expérience "mystique" qu'il véhicule" (5)

(1) De Trinitate
(2) Christoph Théobald, Urgences Pastorales, Paris, Bayard, 2017, p. 182
(3) cf. Le mendiant et la brise
(4) cf. A genoux devant l'homme
(5) Christoph Théobald, ibid. p. 185

06 novembre 2017

Gratuité et liberté religieuse

Il existe une tension vive entre l'urgence de la mission et la prise en compte de la réalité, comme de la nécessaire liberté religieuse. J'ai abordé maladroitement ce thème dans "Pastorale du seuil" et je trouve des accents similaires chez Christoph Théobald (1). Son apport est d'insister sur la gratuité.

Si l'homme fait "l'expérience de l'inouï de l'intimité avec Dieu" peut-il se taire. C'est dans ce cadre qu'il prêche pour une "mission (...) respectueuse de la liberté du récepteur [basée sur] (...) l'amour de la véritable liberté d'autrui".
Pour lui, l'Église est capable de se laisser toucher ET enseigner et s'appuie sur "cet amour de la liberté d'autrui".

Je travaille dans ce sens en préparant la publication imminente (sous 3-4 jours) sur Amazon et fnac.com d'une petite nouvelle intitulée "Le mendiant et la brise". Une manière pour moi de dire que le mendiant n'est autre que Dieu lui-même.

Une nouvelle que j'illustre en couverture par cette annonciation peinte par ma soeur. Elle illustre bien l'agenouillement réciproque de ceux qui se tournent vraiment vers autrui :


(1) Christoph Théobald, Urgences Pastorales, Paris, Bayard, 2017, p. 171ss

05 novembre 2017

Vie et sacrements

Je retombe sur le schéma de Christoph Théobald qui m'a conduit à écrire “la dynamique sacramentelle”. Il est tiré de la page 41 de "Présences d'Évangile: Lire les Évangiles et l'Apocalypse avec l'Église d'Algérie et d'ailleurs de Christoph Theobald, Paris 2003, p. 41. Pour moi ce schéma parle tout seul. il résume ce que je cherche à dire en 150 pages. Les sacrements n'ont de sens qu'en lien intime avec la  vie.

04 novembre 2017

L'adhérence et l'endurcissement

La doctrine du péché originel mise en avant par Augustin en plein développement contre Pélage est à conceptualiser,  relativiser et mettre en perspective.  De même les propos de Sainte Catherine de Sienne sur le même thème.  À l'aune de nos réflexions sur la miséricorde il faut entendre par contre ce qu'elle dit sur la divine providence :
"Dans son ignorance, l'homme croit voir la mort dans ce que je lui donne pour sa vie, et il devient ainsi cruel envers lui-même. Pourtant ma Providence l'assiste toujours. Aussi, je veux que tu le saches : tout ce que je donne à l'homme provient de ma souveraine Providence.Et c'est pourquoi, lorsque je l'ai créé par ma Providence, j'ai regardé en moi-même et j'ai été saisi d'amour par la beauté de ma créature. J'ai voulu la créer à mon image et à ma ressemblance, en y employant largement ma Providence. En outre, je lui ai donné la mémoire pour qu'elle garde le souvenir de mes bienfaits : car je voulais qu'elle participe à ma puissance de Père éternel.Je lui ai encore donné l'intelligence, pour que, dans la sagesse de mon Fils unique, l'homme connaisse ma volonté, car c'est moi qui donne toutes les grâces avec un brûlant amour de Père. Et je lui ai donné aussi la volonté pour aimer, en participant à la douceur du Saint-Esprit, afin qu'il puisse aimer ce que son intelligence ne pouvait connaître et voir.Voilà ce que ma douce Providence a fait, uniquement pour que l'homme soit capable de me comprendre et de me goûter avec une joie parfaite, dans l'éternelle vision qu'il aurait de moi." (1)
Romains 11 nous éclaire sur ce point, comme sur des passages surprenant de l'évangile : "l’endurcissement d’une partie d’Israël s’est produit pour laisser à l’ensemble des nations le temps d’entrer.C’est ainsi qu’Israël tout entier sera sauvé" nous dit Paul.
Aujourd'hui que dire sur la condition de l'homme. Qu'il soit pris dans un jeu d'adhérence au mal, qu'il souffre d'addiction ou soit tenté par la jalousie et la violence ne relève pas d'une malédiction originelle de Dieu mais plutôt de son état de liberté. 
(1) Sainte Catherine de Sienne,  Dialogue sur la divine providence,  source AELF

03 novembre 2017

Mouvement pendulaire de la grâce - 2

Il y a de la kénose dans les propos de Christoph Théobald. Son image pendulaire évoque en effet l'oscillation maximale du "mouvement pendulaire de la grâce" comme une offre gratuite et non prosélyte d'un "petit troupeau ecclésial (...) diaspora (...) qui sans repli sectaire, mais positivement comme mission à exercer" (1) comprend qu'il nous faut sortir de nous mêmes dans un acte de pur gratuité vers autrui.

(1)Christoph Théobald, Urgences Pastorales, Paris, Bayard, 2017, p. 171-173

02 novembre 2017

Cloche et mouvement pendulaire

J'ai déjà évoqué plus haut l'histoire d'un battant de cloche qui traduit nos hésitations vers la Vérité. Christoph Théobald évoque quant à lui l'image d'un mouvement pendulaire entre Dieu et l'homme, "mouvement d'aller et de retour de la source de l'expérience vers sa fin et de la finalité vécue vers son origine (...) découverte de ce qui se cache comme potentialité propres dans les racines de l'existence (...) balancier d'autant plus ample qu'il reçoit son énergie d'un mouvement non moins puissant (...) oscillation à partir du visage de l'autre (...) où se cache le Christ" (1)
Ces deux mouvements se croisent et s'entrecroisent. Leur ampleur porte les pas de Dieu vers l'humanité toute entière. Cela pourrait être syncrétisme si le centre n'était en Christ et le mouvement spirale ouverte d'un Dieu qui invite l'homme en toute liberté à sa danse.

(1) Christoph Théobald, Urgences Pastorales, Paris, Bayard, 2017, p. 165ss

31 octobre 2017

Une mystique de la rencontre - Pape François

Un point soulevé par le Pape François dans EG 87 est mis en avant par Christoph Théobald (1) avec insistance : la "mystique du vivre ensemble" Pourquoi Christoph Théobald insiste-t-il sur ce point ? Parce que le mot mystique n'est pas commun sur ce thème. Dans un monde où il s'apparente plus à une fuite d'autrui, il y a une diachronie dans l'utilisation de ce terme par le pape.
L'enjeu est la prise en compte d'autrui dans son rapport à Dieu. On rejoint l'imbrication des deux commandements (cf. Mt 22, 40) et le sens même du vivre ensemble. Il fait résonner l'insistance d'un Basile de Césarée pour la vie en communauté plus que la vie érémitique. Le vivre ensemble est notre condition d'accès à Dieu. Le reste est fuite.
C'est dans notre prise en compte d'autrui, dans la réponse à l'appel du visage (cf. Lévinas) que notre coeur peut s'ouvrir à l'intimité de Dieu qui n'est pas solitude mais danse.

(1) Christoph Théobald, Urgences Pastorales, Paris, Bayard, 2017, p. 161

28 octobre 2017

La force de Simon

Quand on voit un pêcheur comme Simon sans instruction, mais assez hardi pour discuter avec les juifs de la foi en Jésus Christ, et pour le prêcher au reste du monde, et y réussir, comment ne pas chercher l'origine de cette force de persuasion ? Comment ne pas avouer que la parole de Jésus : « Venez à ma suite, je vous ferai pêcheurs d'hommes » (Mt 4,19), il l'a réalisée dans ses apôtres par une force qui vient de Dieu ? (1)
En communiant à son corps,  Dieu nous invite à creuser en nous le désir de grandir, à la suite de Simon, pour devenir pierres vivantes de son Église.

Car l'homme seul est incapable mais Dieu fait de nous des instruments de son amour. 

Les voici rassemblés
Dans la maison du Père,
Les compagnons d'épreuve
Qui t'ont vu crucifié.

Tu ouvrais le passage,
Ils marchaient sur tes traces,
O Seigneur des Vivants.
Ils portaient dans leur coeur

Pour éclairer le monde
La mystérieuse image
De ta gloire humiliée.

Messagers d'espérance,
Ils semaient ta parole
Et c'est toi leur moisson.

Ils ont place au festin
Dans le Royaume en fête,
Pour avoir bu la coupe
De l'amour partagé.

Tu leur montres le Père
Et ta joie les habite,
O Jésus, Fils de Dieu ! (2)

"Frères,vous n’êtes plus des étrangers ni des gens de passage,vous êtes concitoyens des saints,vous êtes membres de la famille de Dieu,car vous avez été intégrés dans la constructionqui a pour fondations les Apôtres et les prophètes ;et la pierre angulaire, c’est le Christ Jésus lui-même.En lui, toute la construction s’élève harmonieusementpour devenir un temple saint dans le Seigneur.En lui, vous êtes, vous aussi, les éléments d’une même constructionpour devenir une demeure de Dieu par l’Esprit Saint." (3)

(1) d'après Origène, Contre Celse I, 62 (trad. cf SC 132, p. 247s)
(2) Source AELF
(3) Éphésiens 2, 19-22, ibid

27 octobre 2017

Prophètes de malheur ou d'espérance


Les propos de Jean XXIII en 1962 donnent à penser : "Certains qui, bien qu'enflammés de zèle religieux, manquent de justesse de jugement et de pondération dans leur façon de voir les choses. Dans la situation actuelle de la société, ils ne voient que ruines et calamités ; ils ont coutume de dire que notre époque a profondément empiré par rapport aux siècles passés ; ils se conduisent comme si l'histoire, qui est maîtresse de vie, n'avait rien à leur apprendre et comme si du temps des Conciles d'autrefois tout était parfait en ce qui concerne la doctrine chrétienne, les mœurs et la juste liberté de l'Église.

Il nous semble nécessaire de dire notre complet désaccord avec ces prophètes de malheur, qui annoncent toujours des catastrophes, comme si le monde était près de sa fin.

Dans le cours actuel des événements, alors que la société humaine semble à un tournant, il vaut mieux reconnaître les desseins mystérieux de la Providence divine qui, à travers la succession des temps et les travaux des hommes, la plupart du temps contre toute attente, atteignent leur fin et disposent tout avec sagesse pour le bien de l'Église, même les événements contraires." (1)

Ce texte ne reste-il pas d'actualité ? Il entre en écho en tout cas avec d'autres textes d'espérance cités sur ce blog, dont celui de :
- Saint Jean Chrysostome,  
- les commentaires sur les semences du verbe de saint Justin, y compris par  Jacques Dupuis ou Balthasar, et repris dans Gaudium et spes et plus récemment par le pape François
- la tension évoquée plus récemment par Christoph Théobald,  

L'enjeu,  souligné par Théobald est celui qu'il nomme le dépassement : voir dans l'humanité les traces du chemin de Dieu et de son agenouillement.

( 1) Jean XXIII,  Discours du 11/10/1962, ouverture de Vatican II

26 octobre 2017

Intimité de Dieu - Tressaillement 5

« La foi proprement christique donne accès à l'intimité de Dieu (...) une expérience spirituelle voire mystique » (1)
C'est en effet au coeur de ce tourbillon de la foi que l'homme entre en dialogue avec l'inouï de Dieu. « Dieu ne nous veut pas seulement face à lui, comme dans le Coran (...) Il nous donne accès à Son Intimité, à Son intériorité abyssale, puisqu'il y est déjà »(2)

On entre en écho avec les propos de François Cassingena-Trévédy sur l'intériorité commenté plus haut. Mais Christoph Théobald évoque aussi ce qui est divin en nous. Une manière de nous faire entrer dans la danse...

(1) Christoph Théobald, Urgences Pastorales, Paris, Bayard, 2017, p. 156
(2) ibid.

16 octobre 2017

Prosélytisme ou gratuité

Il existe une tension non résolue par Vatican II entre l'importance de la mission et le respect fondamental de l'altérité d'autrui (1). Avant d'abandonner l'adage de Cyprien (hors de l'Église point de salut), il nous faut entendre cette tension, contempler la gratuité des gestes du Christ et comprendre que la foi qu'il évoque n'est pas nécessairement un embrigadement religieux. « Ta foi t'a sauvé » n'est pas la constatation d'une obédience mais la réalité d'une foi intérieure.
Si notre agir quitte le don pour entrer dans une stratégie de conquête nous oublions que la foi est don.
Il s’agit d’une grâce speciale du Christ, comme le rappelle Christoph Théobald citant LG14, 2

(1) cf. Christoph Théobald, Urgences Pastorales, Paris, Bayard, 2017, p. 145ss

15 octobre 2017

Une vision polyèdrique du monde

A la différence de la sphère écrasante et nivellante, l'image apportée par François est une contemplation de l'immensité des richesses humaines. Peu importe en effet que l'humain soit de sexe masculin ou féminin, blanc ou noir, chrétien ou musulman, en lui bat un coeur de chair, dont les cellules uniques vibrent sous le vent d'un esprit invisible. Contempler cela c'est voir l'inouï du doigt de Dieu.

Voir sur le polyèdre :

  •  C. Theobald, ibid. p.121
  • Pape François, Cette Eglise que j'espère, Entretien avec le P. Spadaro, p. 27 : 'Un polyèdre, "où tous se complètent, mais où chacun garde sa spécificité qui chacun enrichit les autres" 
  • Pape François : "De toute manière, je dois dire que le parcours synodal a été d’une grande beauté et a offert beaucoup de lumière. Je remercie pour tous les apports qui m’ont aidé à contempler les problèmes des familles du monde dans toute leur ampleur. L’ensemble des interventions des Pères, que j’ai écouté avec une constante attention, m’a paru un magnifique polyèdre, constitué de nombreuses préoccupations légitimes ainsi que de questions honnêtes et sincères." (AL, §4)