21 août 2017

Les psaumes comme don de Dieu - Divino Afflatu - Saint Pie X

Prier avec les psaumes,  c'est entrer dans le bruit d'un fin silence (1)  le coeur des hommes et des anges qui dansent avec leur Dieu.
Cette prière nous dépasse et nous décentre, parce qu'elle ne vient pas de nous mais entre dans le fleuve immense de ceux qui chantent la louange de Dieu.  Une lecture spirituelle des psaumes montre aussi qu'une partie des psaumes dits "vengeurs" peuvent entrer dans la contemplation du mal qui nous habite et contre lequel nous ne devons cesser de lutter (2).
"Les psaumes recueillis dans la Bible ont été composés sous l'inspiration divine. Certes, dès les débuts de l'Église, ils ont merveilleusement contribué à nourrir la piété des fidèles, qui offraient à Dieu, en toute circonstance, un sacrifice de louange, c'est-à-dire l'acte de foi qui sortait de leurs lèvres en l'honneur de son nom. Mais il est certain aussi que, selon un usage déjà reçu sous la Loi ancienne, ils ont tenu une place éminente dans la liturgie proprement dite et dans l'Office divin.Telle est l'origine de ce que saint Basile appelle « la voix de l'Église », cette psalmodie définie par notre prédécesseur Urbain VIII comme « la fille de cette louange qui se chante sans relâche devant le trône de Dieu et de l'Agneau ». Et, selon saint Athanase, elle enseigne aux hommes, surtout lorsqu'ils sont consacrés au culte divin, « comment ils doivent louer Dieu et quelles paroles il leur faut employer pour le célébrer. » Voici, sur ce sujet une belle parole de saint Augustin : «Pour que l'homme puisse adresser à Dieu une digne louange, Dieu s'est loué lui-même ; et parce qu'il a bien voulu se louer, l'homme sait quelle louange il doit lui adresser. »Les psaumes possèdent en outre une étonnante efficacité pour éveiller dans les cœurs le désir de toutes les vertus. « Certes, toute la sainte Écriture, de l'Ancien comme du Nouveau Testament, est inspirée par Dieu et utile pour l'enseignement, ainsi qu'il est écrit ; néanmoins le livre des Psaumes, comme un paradis contenant tous les fruits des autres livres, propose ses chants et ajoute ses propres fruits aux autres dans la psalmodie. » Ces paroles sont encore de saint Athanase, qui ajoute très justement : « Je pense que, pour celui qui chante les psaumes, ils sont comparables à un miroir où il peut se contempler lui-même ainsi que les mouvements de son âme, et psalmodier dans ces dispositions. »C'est pourquoi saint Augustin parle ainsi dans ses Confessions : «Combien j'ai pleuré, en chantant tes hymnes et tes cantiques, tant j'étais remué par les douces mélodies que chantait ton Église ! Ces chants pénétraient dans mes oreilles, la vérité s'infiltrait dans mon cœur que la ferveur transportait, mes larmes coulaient, et cela me faisait du bien. »En effet, peut-on être insensible à tous ces passages des psaumes où sont proclamées si hautement l'immense majesté de Dieu, sa toute-puissance, sa justice, sa bonté, sa clémence inexprimables, et ses autres grandeurs infinies ? Peut-on ne pas répondre par des sentiments semblables, à ces actions de grâce pour les bienfaits reçus de Dieu, à ces prières humbles et confiantes pour ce que l'on attend, ou à ces cris d'une âme qui se repent de ses péchés ? ~ Peut-on ne pas être embrasé d'amour par cette image du Christ rédempteur esquissée avec persévérance ? Car saint Augustin « entendait dans tous les psaumes la voix du Christ soit qu'elle chante ou qu'elle gémisse, qu'elle se réjouisse dans l'espérance ou qu'elle soupire dans la situation présente. » (3)
(1) voir notre livre éponyme ainsi que L'amphore et le Fleuve, 
(2) cf. Chemins de priere et Lire l'Ancien Testament,  tome 3
(3) Saint Pie X, Divino Afflatu, par. 1 et 2,  1911, source AELF et https://w2.vatican.va/content/pius-x/la/apost_constitutions/documents/hf_p-x_apc_19111101_divino-afflatu.html

18 août 2017

Des grandes eaux à la source : l'entonnoir ?

Des eaux du déluge en Gn 7, de la mer Rouge en Ex 14 ou du Jourdain à l'époque des moissons en Jos 3, 15, ne subsiste, en apparence, qu'un mince filet d'eau jaillissant du coeur du Christ (Jn 19, 34)  mais cette source fragile n'est autre que l'eau vive, évoquée en Jn 4, 11.
C'est un fleuve immense qui se cache derrière la source fragile (cf Ez 47, 1).
Tout cela est comparable à un grand entonnoir qui de l'abondance des dons ne conserve que l'essentiel.
Tenons nous, comme l'évoque Bonaventure, debout, l'amphore à la main pour recueillir le don de Dieu.
Venons nous abreuver à la source.

15 août 2017

De tressaillement en tressaillement - Assomption

Comment contempler le travail de Dieu en notre chair, sans contempler l'oeuvre de Dieu en Marie, depuis la visite de l'ange, la joie d'être avec sa cousine, jusqu'à la triple souffrance de l'enfantement,  de la Passion et de la mort du Fils. 
Ce que Marie a vécu dans sa chair préfigure des déplacements qui nous attendent jusqu'à l'espérance de la résurrection. 
En cela, Marie est mère de l'Église.
Si Dieu a habité et traversé sa chair dans la douleur,  c'est pour ouvrir en nous le sillon du Verbe.

14 août 2017

Instruments de la grâce - Saint Maximilien Kolbe

Si Dieu se manifeste en nous dans un tressaillement ineffable,  c'est pour nous conduire à sa manière vers la prise de conscience progressive que les pas de Dieu vers l'homme ne sont qu'une invitation à danser les pas de Dieu. 
Le chemin ultime est de percevoir,  à l'image du dialogue de Pierre en Jn 21, que notre amour n'est que philen face à l'agape et que la ceinture que notre Seigneur prépare pour nous est le joug facile à porter de l'amour véritable,  celui où Dieu nous conduit pour manifester sa grâce et in fine sa gloire.
Nous sommes les signes imparfaits du don parfait.
" Si nous nous consacrons à Dieu, nous devenons entre ses mains des instruments de la miséricorde divine, tout comme elle-même entre les mains de Dieu. Laissons-nous donc diriger par elle, laissons-nous conduire par sa main, soyons sous sa conduite tranquilles et confiants : elle s’occupera de tout pour nous, elle pourvoira à tout, elle subviendra promptement aux besoins du corps et de l’âme, elle écartera elle-même les difficultés et les angoisses." (1)

(1) Saint Maximilien Kolbe,  lettre, source AELF

11 août 2017

Nom, gloire, sainteté et grâce - circumincession

Balthasar reprend deux fois dans deux pages consécutives le terme de circumincession à propos du lien entre sainteté et gloire (p. 60) et du nom et de la gloire (p. 61). Ce terme de Circumincession dont l'origine remonte, comme la démontré Emmanuel Durand, aux pères de l'Église, recouvre un concept que j'ai traduit comme une "danse trinitaire" dans un livre éponyme.
Pourquoi parler de danse à partir de sainteté, de gloire et de nom ? Probablement parce que la sainteté touche au Fils, la Gloire au Père et le nom à l'Esprit, en tant que révélation de la nature de Dieu dans l'histoire du peuple de Dieu, au gré des théophanies de l'Ancien Testament. Il y aurait un lien et une danse entre ces manifestations de Dieu, qu'elles soient visibles ou cachées, révélées ou implicites. Dans ces dynamiques se révèlent la dynamique divine : "La grâce consistant à pouvoir connaître le nom de son Dieu, Israël la comprenait comme un gage de la présence de ce Dieu, un peu comme un sacrement, comme la présence eucharistique du Christ dans la Nouvelle Alliance" (1).
La danse de Dieu vers l'homme s'est faite dans cette pédagogie divine de la révélation vétéro-testamentaire où Dieu se dit et se cache, se manifeste et se retire pour préparer la venue oxymorique d'une gloire souffrante et sainte. Les pas de l'AT se déchiffre dans le langage de la Croix.
Et pour autant il serait faut de parler uniquement de silence,  tant la Gloire de Dieu se manifeste déjà par bien des manières à l'homme qui ne passe à côté des révélations de la grâce divine qu'en raison de son aveuglement.  "Tu étais là et je ne le savais pas" (2)

(1) Hans Urs von Balthasar, La Gloire et La Croix, 3 Théologie, Ancienne Alliance, p. 61
(2) Augustin d'Hippone,  Confessions,  chap. VIII

Le reste - porte d'espérance

Les 7.000 évoqués à Élie en 1 Rois 19 ou Rom 11, 4, est-il différent de ce reste évoqué dans Michée 5 ?
"Et le reste de Jacob sera, au milieu de peuples nombreux, comme une rosée venant de Yahweh, comme des gouttes de pluie sur le gazon, lequel n'attend personne, et n'espère pas dans les enfants des hommes. Et le reste de Jacob sera aussi parmi les nations, au milieu de peuples nombreux, comme un lion parmi les bêtes de la forêt, comme un jeune lion parmi les troupeaux de brebis ; lorsqu'il passe, foule et déchire, personne ne délivre (Michée 5:6‭-‬7 BCC1923)".
Qu'est ce que ce reste, si ce n'est ce qui transforme la vallée d'Akor (c'est à dire de la déroute) en porte d'espérance (cf. Osée 2).

L'expérience de la déréliction faite par Élie au désert ne trouve sa clé de lecture qu'à Béthleem (cf.  Michee 5 et Matthieu 1) et sur la Croix. 

A la suite de Claire, contemplons ce chemin qui est celui de l'humilité et de la pauvreté : "O stupéfiante pauvreté ! le Roi des anges, le Seigneur du ciel et de la terre est couché dans une mangeoire. Au centre du miroir, considère l'humilité, ou du moins la bienheureuse pauvreté, les labeurs et les peines innombrables qu'il a supportés pour la rédemption du genre humain. Et à l'extrémité de ce miroir, contemple l'inexprimable charité dont il a voulu mourir sur l'arbre de la croix, et y mourir du genre de mort le plus honteux. Ainsi ce miroir, placé sur le bois de la croix, avertissait les passants de considérer tout cela, en leur disant : Vous tous qui passez sur le chemin, regardez et voyez, s'il est une douleur comparable à ma douleur. À celui qui crie et se lamente ainsi, répondons d'une seule voix, d'un seul esprit : Je m'en souviendrai toujours, et mon âme défaillira en moi. Consume-moi donc de ce feu d'amour, toujours plus fortement, ô reine, épouse du roi céleste. Contemple aussi ses indicibles délices, ses richesses et ses honneurs sans fin ; et en soupirant à cause du désir et de l'amour intenses de ton cœur, proclame : Entraîne-moi sur tes pas, courons à l'odeur de tes parfums, époux céleste. Je courrai sans m'arrêter, jusqu'à ce que tu m'introduises dans le cellier à vin, que ton bras gauche soulève ma tête que ton bras droit m'étreigne pour mon bonheur et que tu me baises du baiser délicieux de ta bouche." (1)

( 1) Lettre de Sainte Claire à la bienheureuse Agnès de Prague

10 août 2017

Le ministre du sang

On s'interroge souvent sur la symbolique du geste du diacre lors de l'anamnèse. Pourquoi présente-t-il le calice à la foule ? Une des clés de réponse est à trouver entre les lignes chez Ambroise de Milan dans le récit fu martyre de Laurent,  diacre de l'évêque Sixte : "Lorsque saint Laurent a vu que l'on conduisait l'évêque Sixte au martyre, il s'est mis à pleurer. Ce n'était pas la souffrance de son évêque qui lui arrachait des larmes, mais le fait qu'il parte au martyre sans lui. C'est pourquoi il s'est mis à l'interpeller en ces termes : « Où vas-tu, Père, sans ton fils ? Vers quoi te hâtes-tu, prêtre saint, sans ton diacre ? Tu avais pourtant l'habitude de ne jamais offrir le sacrifice sans ministre ! ... Fais donc la preuve que tu as choisi un bon diacre : celui à qui tu as commis le ministère du sang du Seigneur, celui avec lequel tu partages les sacrements, refuserais-tu de communier avec lui dans le sacrifice du sang ? »... Le pape Sixte a répondu à Laurent : « Je ne t'oublie pas, mon fils, ni ne t'abandonne. Mais je te laisse des combats plus grands à soutenir. Je suis vieux et je ne peux soutenir qu'une lutte légère. Quant à toi, tu es jeune et il te reste un triomphe bien plus glorieux à obtenir contre le tyran. Tu viendras bientôt. Sèche tes larmes. Dans trois jours, tu me suivras... » Trois jours après, Laurent est arrêté. On lui demande d'amener les biens et les trésors de l'Église. Il promet d'obéir. Le lendemain, il revient avec des pauvres. On lui demande où étaient ces trésors qu'il devait amener. Il a montré les pauvres en disant : « Voilà les trésors de l'Église. Quels trésors meilleurs aurait le Christ, que ceux dont il a dit : 'Ce que vous aurez fait à l'un de ces petits, c'est à moi que vous l'avez fait' » (Mt 25,40) ? Laurent a montré ces trésors-là et a été vainqueur car le persécuteur n'a eu aucune envie de les lui ôter. Mais dans sa rage, il l'a fait brûler vif." (1)

(1) Saint Ambroise, Des Offices des ministres I,84 ; II,28 ; PL 16,84 (trad. Bouchet, Lectionnaire, p. 468)

04 août 2017

Le chemin vers Dieu

Sur les chemins de Dieu notre chemin n'est pas tracé. Il ne cesse de deconstruire nos propres certitudes, jusqu'à nous conduire au silence intérieur où il nous parle enfin : " Il faut courir après Dieu, de ruine en ruine, à travers les éboulements successifs des images et des idées que nous nous faisons de Lui » (1)

(1) Gustave Thibon, L'expérience de Dieu, p.76, cité par Bertrand Revillon sur RND dans "Et Dieu dans tout ça"

30 juillet 2017

Les trois tentes

Faisons trois tentes (Mt 17, 4). Pourquoi ne pas mettre ces trois tentes de la Transfiguration en perspective,  comme nous y invite François Cassingena-Trévédy, dans un mouvement descendant puis ascendant. Partir du monde, vers l'Église jusqu'à notre corps pour rentrer en nous mêmes,  trouver le temps du tressaillement intérieur,  du corps à coeur, avec Dieu,  pour repartir ensuite vers l'Église et le monde.

(1) op Cit p. 49

25 juillet 2017

Lecture ouverte - Marie Balmary

Dans l'émission de Radio Notre-Dame "et Dieu dans tout ça" j'écoutais avec plaisir Marie Balmary, Sophie Legastelois (1) et Bertrand Revillon commenter leurs manducation de la Parole.

Trois perles :
1. Quand le Christ dit ceci est mon vin, ils ont tous bu. Idem pour le pain. Cela ouvre à une autre méditation de la chair du Christ.
2. De même, traduire à partir du grec, non pas impossible aux hommes, mais possible près de Dieu. Une révolution de perpective...
3. Saint Bernard : Dieu ne parle pas à ceux qui sont à l'extérieur d'eux-mêmes.

(1) cf. Ouvrir le Livre : Une lecture étonnée de la Bible Format Kindle
de Marie Balmary (Auteur, Avec la contribution de), Sophie Legastelois (Auteur, Avec la contribution de)

24 juillet 2017

Exode et apocalypse

Il y a une dimension apocalyptique à la poursuite des Hébreux par l'armée de Pharaon. Loin d'une lecture historique fragile, il nous faut contempler le récit comme celui d'une lutte extérieure ou intérieure avec les forces du mal qui nous entourent.

Alors peut résonner ce "ne craignez pas" que l'on trouve autant de fois dans la Bible que de jour de semaines: 365(1) fois.

Et ce cri est la réponse quotidienne de Dieu à nos soucis. Il est le grand vainqueur. L'oublier c'est nier sa divinité.

(1) source Pray as you go

22 juillet 2017

Tressaillement et embrasement

Saint Grégoire le  Grand, dans son commentaire de Jean 20 nous emmène loin sur le thème du buisson ardent : " il faut mesurer avec quelle force l'amour avait embrasé l'âme de cette femme [Marie Madeleine] ne s'éloignait pas du tombeau du Seigneur, même lorsque les disciples l'avaient quitté. Elle recherchait celui qu'elle ne trouvait pas, elle pleurait en le cherchant, et, embrasée par le feu de son amour, elle brûlait du désir de celui qu'elle croyait enlevé. C'est pour cela qu'elle a été la seule à le voir, elle qui était restée pour le chercher, car l'efficacité d'une œuvre bonne tient à la persévérance, et la Vérité dit cette parole : Celui qui aura persévéré jusqu'à la fin, celui-là sera sauvé.Elle a donc commencé par chercher, et elle n'a rien trouvé ; elle a persévéré dans sa recherche, et c'est pourquoi elle devait trouver ; ce qui s'est produit, c'est que ses désirs ont grandi à cause de son attente, et en grandissant ils ont pu saisir ce qu'ils avaient trouvé. Car l'attente fait grandir les saints désirs. Si l'attente les fait tomber, ce n'était pas de vrais désirs. C'est d'un tel amour qu'ont brûlé tous ceux qui ont pu atteindre la vérité" (....)"Appelée par son nom, Marie reconnaît donc son créateur et elle l'appelle aussitôt Rabboni, c'est-à-dire maître, parce que celui qu'elle cherchait extérieurement était celui-là même qui lui enseignait intérieurement à le chercher." (1)
"J'ai trouvé celui que mon coeur aime", chante en écho le cantique.
La quête extérieure est intérieure.  Augustin parlera de ce qui était là et qu'il ne connaissait pas(2). Auto communication du Verbe (3) au creux de nos reins, Tressaillement de l'infini en nous qui se révèle comme un buisson ardent (Ex 3) qui ne se consume pas.

(1) Saint Grégoire le Grand,  commentaire de l'Évangile de Jean,  source AELF
(2) Confessions 9
(3) pour reprendre l'idée de Karl Rahner

19 juillet 2017

Dynamique sacramentelle chez Ambroise de Milan


Une belle méditation sur la dynamique sacramentelle chez Ambroise de Milan :

"Dans le baptême trois témoins qui se rejoignent en un seul témoignage : eau, le sang et l'Esprit. Car, si tu en retires un seul, le sacrement de baptême disparaît. Qu'est-ce que l'eau, en effet, sans la croix du Christ ? Un élément ordinaire, sans aucune portée sacramentelle. Et de même, sans eau il n'y pas de mystère de la nouvelle naissance, car personne, à moins de naître de l'eau et de l'Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Le catéchumène croit, lui aussi, en la croix du Seigneur Jésus, dont il a reçu le signe, mais s'il n'a pas été baptisé au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, il ne peut recevoir le pardon de ses péchés ni accueillir le don de la grâce spirituelle. (...)
Le paralytique de la piscine de Béthesda attendait un homme. Lequel, sinon le Seigneur Jésus, né de la Vierge ? Avec sa venue, il n'y avait plus seulement une préfiguration qui guérissait quelques individus, mais la vérité qui guérissait tous les hommes. (...)
Ne considère pas le mérite personnel des prêtres, mais leurs fonctions. Et si tu tiens compte du mérite, de même que tu estimes Élie, tiens compte des mérites de Pierre ou de Paul : c'est eux qui nous ont transmis ce mystère qu'ils ont reçu du Seigneur Jésus. Un feu visible leur était envoyé pour qu'ils croient pour nous qui croyons, c'est un feu invisible qui agit. (...) Crois donc que le Seigneur Jésus est là, invoqué par la prière des prêtres, lui qui a dit : Quand deux ou trois sont réunis, je suis là, moi aussi. À plus forte raison, là où est l'Église, là où sont les mystères, c'est là qu'il daigne nous accorder sa présence.
Tu es donc descendu dans le baptistère. Rappelle-toi ce que tu as répondu que tu crois au Père, que tu crois au Fils, que tu crois en l'Esprit Saint. Tu n'as pas à dire : Je crois en un plus grand et en un moins grand et en un dernier. Mais, par un même engagement de ta parole, tu es tenu de croire au Fils de la même manière que tu crois au Père, de croire en l'Esprit Saint de la même manière que tu crois au Fils, avec cette seule différence que tu confesses devoir croire en la croix du seul Seigneur Jésus." (1)

(1) Ambroise de Milan, Traité sur les mystère, source AELF

Pour une lecture spirituelle

Selon G. Donnadieu (1) une porte de sortie de la violence inhérente au Coran nécessiterait d'ouvrir une "boucle figée" de son interprétation par une lecture de son "corps spirituel". C'est notamment la thèse du soudanais Mamoud Taha, exécuté en 1985 qui soulignait notamment l'importance des premiers écrits coraniques sur les second. Une thèse reprise partiellement par Mohamed Arkoum, professeur à la Sorbonne. En effet seul un outil herméneutique permettrait de démontrer que la violence inhérente au Coran relève d'un contexte daté. Mais cette thèse se heurte à la règle qui stipule que les derniers textes abrogent les premiers. On est donc face, depuis des siècles, à une conception figée des choses qui n'a pas de porte de sortie. À l'inverse, la dynamique interprétative est la force du christianisme. Cette lecture spirituelle s'inscrit en effet au coeur de la démarche de lecture des textes initiée par les pères de l'Église et poursuivie pendant des siècles (2)

(1) Cours au Bernardins, ibid.
(2) cf. notamment de Lubac, Exégèse médiévale.

07 juillet 2017

Kérigmes comparés

Selon Gérard Donnadieu(1) le kérygme musulman s'articule sous le mot soumission.  En soi, se mettre sous le divin, s'agenouiller devant son Dieu n'est pas loin d'une démarche chrétienne.  Quelle est alors la différence avec le coeur de la foi chrétienne ? Elle est à trouver dans l'articulation complexe entre l'agenouillement devant Dieu et l'agenouillement de Dieu devant l'homme. Elle s'illustre "sacramentellement" par le  lavement des pieds des disciples par Jésus (Jn 13) où l'on trouve une réponse divine à l'agenouillement de Marie aux pieds de Jésus (Jn 12). Comme vous le faites,  je le fais aussi et je vous invite à le faire à votre tour. La kénose du Fils répond en même temps à celle de l'homme et à celle du Père et nous fait entrer dans l'acte kénotique.
"C'est pourquoi Dieu l'a relevé et lui a donné le nom", dit Philippiens 2. Dans la danse kénotique se dévoile aussi le fait que Dieu ne fait pas de nous des serviteurs mais des amis (cf. Jn 15, 15).
La soumission chrétienne est danse.

(1) conférence de novembre 2016 aux Bernardins