28 avril 2017

Y a-t-il une âme masculine ?

La lecture de Cheng continue de m'inspirer... dans une simplification qu'il qualifie lui-même de "percutante"(1), il distingue "l'esprit yang masculin" de "l'âme ying féminin". Cela évoque pour moi cette phrase de Jean Paul II qui qualifiait les femmes de sentinelles de l'invisible. Il est possible que ce centre intérieur de l'émotion et des sens soit plus féminin. Bien sûr, en tant que masculin, je ne peux penser que je suis dépourvu d'âme. Mais c'est peut-être ce qu'il y a de plus sensible en moi qui me rapproche du féminin et me fait entrer en résonance avec cet univers pourtant inaccessible...

On pourra aussi relire sur ce point les propos de mon ami Christophe Gripon sur la sagesse (2)

(1) François Cheng, De l'âme, p. 41
(2) cf. Tag de 2016.

27 avril 2017

L'ombre mystérieuse - Le Clézio

Continuons dans les citations. Dans l'extase matérielle, Le Clézio parle de l'âme comme d'une "présence cachée, ombre mystérieuse qui est coulée dans le corps (...) signe de Dieu dans chaque corps". (1)

C'est là peut-être où la dynamique sacramentelle entre en jeu, en se connectant avec la grâce qui nous habite et la faire entrer en résonance avec nos "pensées, nos paroles et nos actes" (2) pour devenir signe efficace de la grâce que Dieu a coulé en nous par le baptême (3)

(1) Cité par François Cheng p. 45
(2) pour reprendre la prière d'Ignace de Loyola
(3) cf.tag sur Diadoque de Photicé

Face à la mort

Je poursuis la lecture de Cheng. Dans une confrontation avec un serpent mortel, il a pris conscience, dans sa jeunesse que la mort était là dans son champ de possible. Ce qui devient intéressant c'est que loin d'en tirer un pessimisme morbide, il y voit la possibilité d'une ouverture, "un désir de tendre vers l'au-delà, vers un Ouvert" qui rejoint "le Désir initial qui du Rien a fait advenir le Tout"(1)
A méditer à l'aune du pessimisme ambiant. Qu'est-ce que cet Ouvert ?

(1) op cit p. 35

25 avril 2017

Une nécessaire interprétation

"Il n'y a pas de transmission réelle de la foi sans interprétation" (1). C'est aussi la thèse dans "Dialogue avec Yasmina(2). La limite de l'islam est de bloquer l'interprétation et se tenir au par coeur. Or l'interprétation est le lieu même de l'appropriation par le lecteur du texte. "Comment traduire le langage chrétien pour qu'il soit porteur de révélation au sens fort, c'est-à-dire d'une parole intérieure qui coïncide avec une nouvelle possibilité d'existence ? La bonne traduction, ce n'est pas la transposition littérale du même contenu"(3), c'est pour moi la lecture spirituelle qui entre en résonance avec l'âme de l'écoutant et le conduit plus loin...

(1) Claude Geffré op. Cit. p. 53
(2) à paraître
(3) Geffré p. 54

De l'âme - François Cheng

Qu'il est beau de plonger un instant dans la quête de ce grand poète de l'intérieur(1) qui nous conduit, plus loin que "le dialogue de Tienyi" dans une quête visant à refaire émerger ce souffle intérieur que l'on oublie trop souvent, ce tressaillement de l'âme en nous qui nous appelle à plus d'être.
"Cette simplicité de l'âme, nous consacrons notre vie à l'acquérir, ou à la retrouver si nous l'avons connue, car c'est un don de l'enfance qui le plus souvent ne survit pas à l'enfance. Il faut très longtemps souffrir pour y rentrer, comme tout au bout de la nuit on retrouve une autre aurore..."(2)

(1) François Cheng, De l'âme, Albin Michel, 2016
(2) Bernanos, Blanche de la Force dans le dialogue des Carmélites cité par Cheng p. 28

23 avril 2017

Raymond Aron - Le spectateur engagé

Passionante conférence (1) que l'on peut entendre en podcast sur Raymond Aron et la tension nécessaire entre libéralisme et autorité,  qui seule peut mettre une limite à l'utopie libérale.  Elle soutiendrai une figure de sage en politique face à l'illusion d'un ultra libéralisme débridé...

(1) https://www.collegedesbernardins.fr/content/raymond-aron-1905-1983

22 avril 2017

Gandhi, le pape François et la Vérité

"Comment peut-on dialoguer si on prétend posséder déjà la vérité?" disait Gandhi. "Face aux très graves questions sur l'avenir de l'homme au troisième millénaire, nous devons recueillir toutes les semences de la vérité" ajoute Geffré (1)

Face à l'explosion actuelle de la violence, notre Pape à raison d'aller en Égypte au péril d'une Vérité à dévoiler en commun.

(1) op cit. p. 42

21 avril 2017

Une Vérité cachée - de Jn 18 à Claude Geffré

Qu'est-ce que la Vérité ? demande Pilate à Jésus (Jn 18,38). Jésus ne répond pas. Comment peut-il puisqu'il ne s'est pas encore dévoilé complètement sur la Croix et que le mystère de la Croix elle même nous échappe car il dévoile et masque à la fois l'immensité de l'amour divin ?
Geffré parle de la "verité-manifestation qui renvoie à une plénitude qui demeure encore cachée (...) dévoilement fugitif qui s'accompagne d'un voilement simultané". Il fait mention de l'aletheia d'Heidegger tout en soulignant son "ignorance étonnante de la vérité au sens hébraïque"(1).
"La vérité entière n'est vérité que parce qu'elle est part de Dieu" souligne-t-il plus loin. "C'est l'essence même de la vérité d'être en partage" (...) car la vérité la plus sacrée, la plus absolue, est toujours livrée dans la contingence d'un langage historique", ce qui rend le dialogue interreligieux d'autant plus essentiel (3) car c'est là où s'éclaire nos propres contingences.

(1) Claude Geffré, Le christianisme comme religion de l'Évangile, op. Cit. p. 40
(2) p. 41
(3) voir mon "dialogue avec Yasmina" à paraître.

20 avril 2017

Idolâtrie de l'unicité

Geffré va plus loin et est très actuel quand il condamne à la fois, à la suite de Mohammed Arkoun (1) le triangle violence-sacré-vérité d'un islam semi-fanatisé(1) et l'idolâtrie plus large qui consiste "à conférer à un peuple, à une Église, une communauté, un livre, une unicité exclusive qui n'appartient qu'à Dieu" (2).
Cet tentation d'affirmer qu'on détient la vérité nous fait oublier que la Vérité est une personne divine, par définition non préhensile comme l'affirme si bien Monique Baujard dans le Dvd 2 du bien commun de la CEF(3)

(1) op. Cit. p. 36
(2) p. 37
(3) editions de l'atelier

Pluralisme et dialogue interreligieux, de Geffré au Pape François en Égypte

"Il y a un mauvais pluralisme, celui qui coïncide de avec une idéologie qui désespère de toute vérité et de toute hiérarchie des valeurs. Mais un bon pluralisme est possible qui témoigne simplement d'une humanité plurielle qui fait de la diversité une chance dans la conquête progressive de la vérité" (1)
Rejoint-on là l'ouverture tracée par Nostra aetate (2) qui voit dans les autres religions des parcelles d'un bien commun ? Nous savons que Christ est chemin, vérité et vie. Mais le christianisme n'est pas forcément le tout de la Vérité car il n'est qu'un héritage parfois défiguré de ce que le Christ cherche à apporter. Le pluralisme devient alors une ouverture et une interpellation pour nous conduire vers le Christ véritable, ce corps trinitaire vers lequel nous cherchons à tendre, cette danse à laquelle nous sommes appelés.

Prions pour qur le voyage du pape François en Égypte fasse grandir le dialogue interreligieux dans cette direction.

(1) Claude Geffré, Le christianisme comme religion de l'Évangile, op. Cit. p. 31
(2) " L’Église catholique ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans ces religions. Elle considère avec un respect sincère ces manières d’agir et de vivre, ces règles et ces doctrines qui, quoiqu’elles diffèrent sous bien des rapports de ce qu’elle-même tient et propose, cependant reflètent souvent un rayon de la vérité qui illumine tous les hommes. Toutefois, elle annonce, et elle est tenue d’annoncer sans cesse, le Christ qui est « la voie, la vérité et la vie » (Jn 14, 6), dans lequel les hommes doivent trouver la plénitude de la vie religieuse et dans lequel Dieu s’est réconcilié toutes choses" Nostra Aetate n.3

Empreinte du Christ

L'office des lectures nous redonne à méditer une vieille catéchèse baptismale qui donne à penser : "Nous savons très précisément que notre baptême, s'il est purification des péchés et nous attire le don de l'Esprit Saint, est aussi l'empreinte et l'image de la passion du Christ. C'est pourquoi saint Paul proclamait : Ne le savez-vous pas ? Nous tous, qui avons été baptisés en Jésus Christ, c'est dans sa mort que nous avons été baptisés. Nous avons donc été mis au tombeau avec lui par le baptême."

Il y a là une piste à creuser en termes de dynamique sacramentelle.  Qu'est-ce qu'être empreinte du Christ,  comment celui-ci transforme nos vies en profondeur ? Lui laissons nous toute la place ?

19 avril 2017

les conversions d'Amoris Laetitia - Alain Thomasset

Saluons ici la pertinence de l'analyse d'Alain Thomasset qui nous aide dans l'article éponyme(1) à lire le chapitre 8 dans un cadre pastoral à la fois objectif et ouvert. L'auteur nous y invite à comprendre combien la loi reste incapable de couvrir toutes les situations particulières et qu'il demeure, dans le for interne, un chemin pour la conscience et la miséricorde. 
Je rejoins dans cet article les développements de ma recherche sur la dynamique sacramentelle (2)

(1) Alain Thomasset, les conversions d'Amoris Laetitia, Etudes, Avril 2017 num. 4237 p. 65ss
(2) C. Heriard, la dynamique sacramentelle, Amazon, 2016

Emmaüs - Saint Grégoire le Grand

"Vous venez de l'entendre, frères très chers : deux disciples de Jésus marchaient sur la route et, tout en ne croyant pas en lui, parlaient pourtant de lui. Le Seigneur est apparu, sans toutefois se montrer à eux sous une forme qu'ils puissent reconnaître. Le Seigneur a donc réalisé à l'extérieur, aux yeux du corps, ce qui en eux s'accomplissait à l'intérieur, aux yeux du cœur. À l'intérieur d'eux-mêmes, les disciples aimaient et doutaient tout à la fois ; à l'extérieur, le Seigneur leur était présent sans cependant manifester qui il était. À ceux qui parlaient de lui, il offrait sa présence ; mais à ceux qui doutaient de lui, il cachait son aspect familier, qui leur aurait permis de le reconnaître. Il a échangé quelques paroles avec eux, leur a reproché leur lenteur à comprendre, leur a expliqué les mystères de l'Écriture Sainte qui le concernaient. Et pourtant, dans leur cœur il demeurait un étranger, par manque de foi ; il a donc fait semblant d'aller plus loin... La Vérité, qui est simple, n'a rien fait avec duplicité, mais elle s'est simplement manifestée aux disciples dans son corps telle qu'elle était dans leur esprit.

Par cette épreuve, le Seigneur voulait voir si ceux qui ne l'aimaient pas encore comme Dieu étaient du moins capables de l'aimer comme voyageur. La Vérité cheminait avec eux ; ils ne pouvaient donc pas demeurer étrangers à l'amour : ils lui ont proposé l'hospitalité, comme on le fait pour un voyageur. Pourquoi d'ailleurs disons-nous qu'ils lui ont proposé, alors qu'il est écrit : « Ils le pressèrent. » Cet exemple nous montre bien que nous ne devons pas seulement offrir l'hospitalité aux voyageurs, mais le faire de façon pressante.

Les disciples mettent donc la table, offrent de quoi manger ; et Dieu, qu'ils n'avaient pas reconnu à l'explication de l'Écriture Sainte, ils le reconnaissent à la fraction du pain. Ce n'est donc pas en entendant les commandements de Dieu qu'ils ont été éclairés, mais en les mettant en pratique." (1)
À contempler à l'aune de nos pastorales du seuil(2)
(1) Saint Grégoire le Grand, Homélie 23 sur l'Évangile (trad. Le Barroux rev.) source évangile au quotidien 
(2) cf. ma recherche éponyme 

14 avril 2017

Sermon sur la Passion -Saint Léon le grand

"Le Seigneur est livré à ceux qui le haïssent. Pour insulter sa dignité royale, on l'oblige à porter lui-même l'instrument de son supplice. Ainsi s'accomplissait l'oracle du prophète Isaïe : Il a reçu sur ses épaules le pouvoir. En se chargeant ainsi du bois de la croix, de ce bois qu'il allait transformer en sceptre de sa force, c'était certes aux yeux des impies un grand sujet de dérision mais, pour les fidèles, un mystère étonnant : Le vainqueur glorieux du démon, l'adversaire tout-puissant des puissances du mal, présentait sur ses épaules, avec une patience invincible, le trophée de sa victoire, le signe du salut, à l'adoration de tous les peuples.

Comme la foule allait avec Jésus au lieu du supplice, on rencontra un certain Simon de Cyrène, et on fit passer le bois de la croix des épaules du Seigneur sur les siennes. Ce transfert préfigurait la foi des nations, pour qui la croix du Christ devait devenir, non un opprobre, mais une gloire. En vérité, le Christ, notre Pâque, a été immolé. Il s'est offert au Père en sacrifice nouveau et véritable de réconciliation, non dans le Temple, dont la dignité avait déjà pris fin, mais à l'extérieur et hors du camp, pour qu'à la place des victimes anciennes dont le mystère était aboli, une nouvelle victime fût présentée sur un nouvel autel, et que la croix du Christ fût cet autel, non plus du temple, mais du monde.

Devant le Christ élevé en croix, il nous faut dépasser la représentation que s'en firent les impies, à qui fut destinée la parole de Moïse : Votre vie sera suspendue sous vos yeux, et vous craindrez jour et nuit, sans pouvoir croire à cette vie. Pour nous, accueillons d'un cœur libéré la gloire de la croix qui rayonne sur le monde. Pénétrons d'un regard éclairé par l'Esprit de vérité le sens de la parole du Seigneur annonçant l'imminence de sa Passion : C'est maintenant le jugement du monde, c'est maintenant que le prince de ce monde va être jeté dehors. Et moi, une fois élevé de terre, j'attirerai tout à moi. " (1)

À contempler en ce jour du vendredi saint...

(1) Saint Léon le grand,  Sermon sur la Passion, source AELF

( 2) voir aussi mon chemin de croix 2016 sur http:/prierdieu.blogspot.fr et "le dernier pont" cherz lulu.com 

13 avril 2017

vérité et humilité

"le croyant n'est pas arrogant ; au contraire, la vérité le rend humble, sachant que ce n'est pas lui qui la possède, mais elle qui l'embrasse et le possède. Loin de le raidir, la sécurité de la foi le met en route, et rend possible le témoignage et le dialogue avec tous" (Lumen Fidei 34)

À méditer